Le croque mitaine

Ne fuyez pas je ne parlerai pas de Sarkozy. D’ailleurs il est réellement dangereux. Non, je connais un vrai Croque Mitaine.

Le chien Platon est très imaginatif dans ces jeux. Il tente autant qu’il peut de nouveaux trucs pour attirer l’attention. Les schnauzers ne sont pas des chiens de meutes. Ils ne respectent pas l’autorité, la vie est un jeu et il y a des règles au jeu. On peut même tricher un peu, ce qui est une preuve d’intelligence.

Inutile de vous dire qu’ici les gants ne sont pas une parure ni une démonstration d’élégance. Les gants et les mitaines sont une nécessité souvent embarrassante quand on travaille dehors, mais des doigts gelés ça travaille encore plus mal. Le chien en fait une fixation. Comment vais-je voler les gants. Si on réussit, on les brasse violemment, on tente de les déchirer, mais comme c’est très difficile on se résout à les cacher dans un coin sombre. D’ailleurs c’est le même truc pour les chaussettes (surtout les sales). Il se fait un devoir de les voler et de les cacher le plus loin possible.

J’ai bien tenté de le gronder, mais peine perdue. Seul le jeu est joli. Au moins dans la rue, il ne va plus mordiller le bout des gants des adultes dans l’espoir de les arracher de la main. Cela provoque des surprises et des réactions de terreurs pas vraiment compréhensibles pour le chien. Sont pas gentils, ils ne veulent pas jouer.

Mais avec les enfants, c’est plus compliqué. Il va s’asseoir devant eux, et il sille un peu pour réclamer une caresse. On le flatte deux ou trois fois, et pouf, il attrape la mitaine pour se sauver le plus vite possible. A 4 ou 5 ans c’est la rigolade, mais à trois ans c’est le drame : « Maman, le chien, il a volé ma mitaine. »

Quand le chien Platon est en laisse, je réussis à contrôler les dégâts. Souvent je dis : « attention, lui c’est le monstre croque-mitaine ». Un sourire, la complicité est assurée. Et les enfants de cet age perdent leurs mitaines avec une telle régularité, qu’eux, ça ne les dérangent pas tellement.

Hier, il faisait beau. Une maman avait sorti son garçon de pas deux ans, habillé comme un astronaute pour faire quelque pas dans la neige. Il voit le chien, s’avance le plus vite qu’il peut ( très lentement avec ces lourds habits), le chien s’assoit pour l’attendre. Je vois bien au frétillement de Platon qu’il n’a que les mitaines comme objectif.

Les mamans d’ici ont la prudence d’attacher les deux mitaines par une corde qui passe dans les manches de l’habit de neige. Le chien attrape la mitaine et tire, elle ne vient pas, mais l’enfant lui s’écroule comme un arbre qu’on abat. La mère et moi on se précipite, mais à notre surprise, le petit ne hurle pas mais rigole. Il vient de manger de la neige pour la première fois et c’est le bonheur.