4- quelque chose que je suis sûr de savoir

La question de Meerkat et DDC précise: « même si tu sais que tu ne sais rien ». Oui, les gens qui me lisent depuis un certain temps savent que l'épistémologie est au centre de ma réflexion. C'est quoi savoir? Bon, je vais essayer de ne pas être trop compliqué.

Pour savoir quelque chose, il faut savoir ce qu'est savoir. Non, je ne citerai pas Kant, sauf qu'il est important de comprendre que ce qu'on appelle le « savoir » est un ensemble de constats qui ne sont pas lié à ma perception, mais plutôt lié à ma culture. Voilà une petite phrase qui occupe les universitaires depuis un certain temps, et tenter de résumer ce débats, prendrait des pages et des pages on ne peut plus ennuyeuses.

Pour être simpliste jusqu'à déformer, disons qu'en Occident le débat se passe entre les « modernes » et les « post-modernes ». Pour les Modernes « je » peux par la réflexion et la science atteindre à un niveau de certitude suffisant pour agir sur le monde. Pour les Post-modernes, Hitler et l'holocauste ont fait la preuve de l'échec du projet Moderne, je ne peux savoir qu'à partir de mon point de vue, il n'y a plus rien de vrai. C'est une démarche essentiellement inscrite dans l'Histoire ( les mots pour dire le temps). Je sais il faudrait écrire un livre pour justifier cette petite phrase, nous laisserons cela aux universitaires.

Pour ma part, je tente de comprendre à partir de l'espace. Il y a des états du monde qui se mesurent avec une échelle, et selon l'échelle, la vérité change. La distance que marche une fourmi qui doit faire le tour du caillou n'a rien à voir avec la distance du pas de l'homme qui doit faire le tour du lac, ni de celle de l'oie, qui doit compter avec les vents pour se déplacer. Dans cette façon de voir, les évènements (avant qu'ils deviennent des mots dans l'Histoire) sont les cailloux de la fourmi, des emmerdements qui ne changent pas la vérité de l'ensemble. Pour l'oie, je suis un emmerdement qui ne change rien à la réalité du vent.

La première conclusion, c'est que je lis de la carte ne m'implique pas de la même manière. Le lac est là, que je décide où non d'en faire le tour, même à mon échelle, je n'ai pas d'importance. Il arrive des évènements, mon pied enfonce dans la boue et crée une énorme vallée pour la fourmis, le volcan empêche l'oie de suivre le vent. L'évènement récent le plus important sont les clôtures. Je ne peux plus marcher parce que l'autre dit qu'il est propriétaire de l'espace, qu'il peut donc en user et en abuser. Et l'oie qui s'y pose lui appartient.

D'accord, il y a des mécanismes pour gérer ensemble l'espace. Municipalités, régions, états en font parti. Mais ils ont pour bases non pas la gestion de l'espace, mais la protection de la propriété privé ( le fondement du droit). Aussi ces mécanismes ne s'intéressent jamais à l'ensemble du territoire. C'est cette absence du point de vue globale qui est à l'origine du dérèglement actuel de la Planète et qui cause la disparition de la vie.

Ce n'est pas un évènement qui cause le changement. Je peux abuser localement, l'ensemble rétablira l'équilibre. Mais d'abuser globalement détruit globalement.

Je sais donc que je n'ai pas d'importance, que mon point de vue n'a pas d'importance, que seule la vie importe, que je dois me battre globalement pour que la vie continue.