Les amoureux de l'aube.

Oui se lever le matin, ça vaut vraiment la peine. Ça vaut même plus que la peine, parce que je n'ai pas vraiment de peine tant je suis heureux d'accueillir le soleil à son lever, pour le remercier de la vie. Je sais bien que mes remerciments n'ont aucune espèce d'importance pour cette immense boule de feu qui n'est même pas perturbé par le petit caillou qui tourne très loin là-bas, le petit caillou que nous habitons.

Mais ce salut au soleil m'apporte la paix, m'apporte le sentiment de participer à ce lien, qui unit tout ce qui vit dans l'effort d'empêcher l'univers de devenir froid. Cette effort qui pour moi ne peut avoir qu'un nom: amour.

Il fait clair, mais le soleil n'est pas encore là. Je touille mon café et m'approche de la fenêtre pour prendre la première gorgée. Si j'avais encore les yeux collés, ils se sont ouverts au plus grand pour admirer le spectacle. Merveille, un couple de pics flamboyants s'échangent de tendres petits coups de becs en se dandinant dans une ronde un peu comique. C'est la danse d'amour des pics. J'ai lu ça quelque part il y a longtemps, mais jamais je ne l'avais vu.

Tout à mon émerveillement, ça m'a pris du temps avant de réagir et de démarrer l'enregistrement, il doivent bien se dire des mots doux. Je n'en ai que 11 secondes, et j'ai du amplifier beaucoup, ils étaient assez loin du micro stationnaire, mais au moins j'en ai 11 secondes, et je pense que c'est très rare:

Flamboyants, ces pics le sont certainement. J'en ai une description avec une photo dans un billet de l'an dernier. Un billet de septembre d'ailleurs puisque l'été il préfère la grande forêt et ne revient dans le jardin que lorsque presque tout le monde est parti. Ce n'est pas qu'il est peureux, avec son puissant bec, aucun prédateur n'ose l'approcher. Mais il n'aime pas être déranger dans son travail d'assainissement de la forêt. Sans lui, tous les arbres seraient depuis longtemps dévorer par les insectes.

Les amoureux ont perçu un mouvement dans la fenêtre, et ce sont envolés. Mais sans doute ont-ils aussi perçu ma joie de partager leurs amours. Alors, ils m'ont laissé un cadeau:

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Une légère plume sur une feuille d'érable qui venait de tomber. Ce n'est pas que pour moi, c'est certainement pour vous aussi. Pour que vous aimiez le Monde comme il le mérite.