Au revoir Juan Leroy, et à très bientôt

Dans deux ou trois heures, je vais débrancher l'ordino, finir de mettre les trucs dans les boites parce que je dois partir. Soyons honnête, il me reste encore vingt heures avant de prendre la route, mais beaucoup de détails qui vont me tenir loin de la machine à communiquer. Si tout va bien je devrais être de nouveau en ligne mercredi, peut-être avant. En attendant une reprise du dimanche comme il se doit... Au fait, même si je ne les lirai pas tout de suite, c,est pas une raison pour ne pas laisser de commentaires...

Ce matin, le front froid a rapidement balayé les lourds nuages qui bloquaient le ciel. Au moment où le soleil se dévoilait, Juan Leroy est sorti de l’eau après une longue plongée et a montré la blancheur de son ventre. Un salut au soleil, la joie de voir son reflet dans l’eau calme, une fête à la vie.

Je sais c’est la troisième fois que je vous parle du roi Huard. La suffisance de celui qui se sait le roi de l’eau, mais le roi peut aussi vivre des peines d’amour. Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est pour moi qu’il a fait une chorégraphie. Je sais, je suis parfois bien prétentieux de penser qu’il pourrait condescendre à se montrer beau pour moi, mais quand le roi danse, le monde fait silence et jouit du spectacle.

Une série de petits plongeons qui ne fait pas une ride sur le lac. Puis une immersion plus longue, mais il nous invite à le suivre en laissant filer un petit chapelet de bulle qui éclate en surface. Il sort de l’eau en force et bat violemment des ailes, tirant le cou le plus haut possible, et retombe en douceur, devient immobile pour qu’on admire le plumage d’hiver.

Le dos rayé de l’été a été remplacé par un carrelé discret, le collier à presque disparu, pour laisser plus de place au blanc immaculé, les plumes de la tête se sont gonflé en une crête, un chapeau ou peut-être la couronne qu’il revendique. Noir, blanc, l’œil très rouge, il admire son monde, il s’admire regardant son monde. Noblesse oblige, on peut être seul et malheureux, mais on n’a pas le droit de le laisser voir.

Il se permet même de constater ma présence, prend le temps de me regarder et lance trois petits cris qui ne peuvent être que pour nous. Si les huards sont bavards au printemps, l’automne ils sont silencieux. Surtout un huard qui n’a plus de conjointe, peut-être voulait-il parler simplement pour le plaisir de parler. Non, il veut nous dire qu’il aime ses sujets.