La question Asiatique

Ça brasse à Bali. Pendant que les dirigeants des USA du Japon et du Canada tente un coup de force sous les hués de leurs populations, une pétition de plus de 200 scientifiques précisent de nouvelles cibles pour l'après Kyoto.

Cette pétition demande que les cibles pour l'après Kyoto soient de limiter la croissance de la température à 2 degrés et précise que pour atteindre cet objectif nous devons stopper la croissance des GES d'ici 10 ans, et de diminuer à long terme de 50% la production mondiale. Ces nouvelles cibles plus contraignantes que celles du GIEC vont probablement faire consensus dans 3 ou 4 ans. N'empêche que politiquement ce n'est pas très habile.

C'est que le coup de force que tente les 3 méchants consistent à dire que si la Chine et l'Inde ne font rien, ça sert à rien de faire quelque chose. Le problème c'est que c'est un peu vrai mais pas totalement. Actuellement ( de mémoire je n'ai pas le temps de vérifier excusez-moi) La Chine est à 5 tonnes de GES par habitant alors que le Canada est à 21 et les USA à 25 ( Europe 14 ou 16?). La Chine réclame le droit de ce développer et c'est légitime. Il faut donc que les USA et le Canada réduisent d'avantage pour permettre aux Chinois d'améliorer les conditions de vie. Sauf que les Chinois, ils sont très nombreux. Alors les USA disent pas question de se limiter pour permettre aux autres de s'enrichir.

Le Canada est un énorme émetteur, pas que les canadiens gaspillent beaucoup (quand même pas mal) mais parce que c'est un pays producteur de pétrole sale pour les USA et parce que c'est un grand pays agricole et que les politiques agricoles du Canada sont très énergivores.

C'est là que l'idée qu'expose Zizule prend son importance: parler protection de l'environnement à des asiatiques peut n'avoir aucun sens, puisque dans la mentalité bouddhiste tout est éternel, tout est continu, etc. du coup gérer ses déchets ne sert à rien, ne change rien...

Cette hypothèse repose sur l'idée que ce sont les individus qui vont faire la différence dans le combat environnemental, que c'est une décision personnelle, une responsabilité individuelle. Hors c'est faux! Si on ne change pas les politiques de transports les individus vont continuer d'avoir besoin d'une automobile. Si on ne change pas les politiques agricoles, on va continuer à utiliser massivement les engrais azotés très énergivores et le bio sera toujours beaucoup trop cher. Si on ne change pas les politiques industrielles, se sera toujours la course à la croissance.

Or les dirigeants et les industriels tant de la Chine que de la plupart des pays comprennent bien que cette course folle nous conduit directement dans le mur. Ce n'est pas pour rien que 150 patrons d'entreprises trans-nationales ont déposé à Bali une pétition demandant que les objectifs de Kyoto soient respectés. La pollution causée par le charbon est tellement importante en Chine qu'elle nuit à la production, ça c'est plus important qu'une religion. Les immenses efforts de reforestration suite aux inondations prouvent bien que les dirigeants chinois ont compris. Mais dans l'actuelle négociation, il est compréhensible que la Chine ait une position très dure, elle tente de se trouver un espace pour grandir encore, se donner le temps d'un changement dans les façons de produire.

Le triage des déchets a son importance. Mais la politique agricole fait énormément plus de dégâts . Les individus sont extrêmement important oui, mais pour exiger de leurs gouvernements des modifications aux politiques.

Se changer soi, bien sûr. Mais nous devons changer aussi la façon de produire, pour cela nous devons exiger de nos gouvernements des changements de politiques. Et n'en doutez pas, malgré tous les efforts des puissants pour montrer qu'il n'y a pas de changements, les progrès accomplis depuis 10 ans sont colossaux.