Retour sur l'Ile de plastique

Je reviens sur l'Ile de plastique parce que les termes que j'ai employés sont probablement exagérés. Je n'ai pas de nouvelles sources externes très crédibles, mais on peut étudier les documents pour mieux comprendre.

Anita me signale le nombre restreint de sources crédibles qui parlent du « Great Pacific Garbage Patch » l'Ile de plastique dont je parlais hier. La presque totalité des sites qui en parle si on demande à google, ont deux sources principalement: Charles Moore du groupe Alguira ( groupe de recherche dédié au problème donc suspect) et de l'océanographe Ebbesmeyer, qui a fait des calculs de densité. On peut avoir un doute légitime sur la valeur de ces sources

D'abord confirmons qu'il existe des courants dans le Pacifique qui concentre dans de grandes régions les objets en mer. Il y a les mêmes genres de courants dans tous les océans. Dans l'Atlantique, la mer des Sargasses, c'est aussi une zone qui concentre lentement tous les objets flottants, historiquement surtout des algues, mais depuis quelque temps énormément de déchets.

Mais regardons les nombres que fournissent les études de Ebbesmeyer: 3,34 millions de petites pièces de plastique par kilomètre carré. Dans une colonne d'eau de 100 mètres ( on dit qu'il y a des objets jusqu'à 400 mètres) cela donne un objet dans 3,3% des mètres cubes en moyenne (33,4 millions d'objets dans un milliard de mètres cubes). Comme ce sont des objets flottants, il y a une probabilité de 2 objets dans le premier mètre cube. On est très loin de marcher sur un tas de plastique. Cependant selon l'évaluation à l'oeil ( trop à l'oeil pour qu'il accepte de donner son nom), d'un ami océanographe, c'est au moins 100 fois plus dense qu'ailleurs dans l'océan.

Et bien sûr, il se forme des concentrations, des paquets très denses à certains endroits qui vont se défaire dans les jours qui suivent, pour se reformer ailleurs, laissant des kilomètres cubes sans plus d'objets flottants qu'ailleurs dans l'océan.

Dans un tel contexte, concentration serait certainement un terme plus juste qu'ile de déchets. Remarquez qu'en terme de toxicité pour l'environnement cela ne change rien au problème.

On m'a fourni la localisation d'une possible concentration sur Google Earth.

Il faut bien comprendre que cette concentration existait le jour de la photo, et qu'elle est en toute logique très loin de ce point aujourd'hui.

Ma conclusion: Il y a une concentration d'objets flottants de plastique, il est de grande taille, mais l'expression ile de déchet ne convient probablement pas.

J'ai demandé à des personnes que je connais à l'Université d'Hawaï et à la NOAA, une opinion sur le sujet. Je devrais recevoir des réponses dans les prochaines semaines.