Allonzenfan

Monsieur Dassault sort ses Mirages, l'armée montre qu'elle est encore capable de tabasser les Africains, Il y a de la musique et des feux d'artifices, dansons, dansez, ça nous fera un peu oublier.

Qu'un sang impur abreuve nos sillons. Moi qui suis du coté des impurs, vous comprendrez que j'ai quelques difficultés. Oui parfois contre la tyrannie, il est nécessaire de lever l'étendard sanglant. Mais soyons bien sûr de ne pas échanger un tyran pour un autre. Je ne veux pas choisir entre le Tsar, Staline ou Hitler, Napoléon ou Louis je ne sais plus combien.

Je ne suis pas d'un peuple élu d'un dieu, je hais tous les dieux également parce que tous les dieux choisissent les bons, et moi je suis du coté des mauvais, des intouchables, de la racaille, pire un sauvage qui par définition n'a pas droit de cité. Pour qu'il y ait équilibre, il faut qu'il y ait égalité. Et s'il y a une loi de la Nature, c'est justement cette égalité. Quand apparaît un plus fort ou un plus faible, il s'élimine rapidement en détruisant son milieu.

Allonzenfan de la patrie... je n'ai pas de patrie et je refuse qu'on m'en impose une, parce qu'il y a une seule forêt, une seule vie.

Aussi je rejette toute idée de supériorité génétique. Bien sûr il y a des différences. Entre un Innou équipé pour manger un énorme repas tout les 5 jours, et l'Inuit qui fait 5 repas très petits repas par jour, il y a des différences. Comme il y a des différences entre le loup et le caribou. Mais il serait ridicule de tenter de savoir s'il y a une supériorité. On me dira que tu préfères être un homme plutôt qu'un moustique. Mais en terme d'espèces, c'est loin d'être certain, le moustique survivra à l'humain.

Je comprends très bien aussi la peur de l'autre. Depuis si longtemps nous tremblons dans la nuit, et que tous les bruits sont des menaces. Mais cette terrible peur, mère des dieux et de l'État, nous devons maintenant lui faire face, parce que notre puissance est telle que nous détruisons le monde. La peur de la maladie a inventé les antibiotiques qui détruisent la vie aussi bien que la peur du tigre a détruit la forêt, que la peur de la faim détruit le sol qui nourrit.

Le sang impur a abreuvé depuis trop longtemps vos sillons. Il n'y a plus d'espoir à chercher de ce coté. Il faut apprendre à refuser qu'il y ait des impurs, qu'il y a une seule vie qui nous emporte avec tout ce qui bouge sur cette petite planète.