Un petit visiteur non identifié

Un petit oiseau, un juvénile en avait mare de la pluie ce matin, et est venu se cacher dans le poil de l'ours. Oui, bon... c'est peut-être confortable, mais j'ai d'autres clients dont je dois m'occuper.

C'est vrai qu'il fait moche aujourd'hui. Moi qui espérais creuser le trou pour planter un frêne blanc, il faut le faire maintenant, l'aoutage va commencer et il manquera de réserves pour l'hiver autrement. Je me demandais si demain, ou bien si j'attends début octobre quand il sera en dormance, en faisant bien attention pour ne pas le réveiller... tout à ma réflexion, je n'ai pas vraiment vu le petit machin brun mi voletant mi tombant se jeter sur moi. Ils plantent ses griffes aussi fort qu'il peut content d'avoir trouver un support solide dans ce monde que le vent fait bouger si fort qu'il n'y a plus un seul point d'appui atteignable.

Hé! ho! Je veux bien qu'on s'appuie sur moi, mais les griffes même faibles, même minuscules, non! De fait, c'est justement parce qu'elles sont minuscules que je n'aime pas tellement. Cela ne fait pas vraiment mal, mais on a l'impression que si on bouge ça va déchirer la peau. Je sais bien que c'est impossible mais ma peau ne le sais pas et proteste. Qu'est-ce que ce petit tas de plume?

C'est clair, ce n'est pas encore un as du vol, il en est encore au premier cours. Tous les bébés bruants sont brun tacheté de gris et de beige, enfin des tas de nuances de brun pour faire camouflage. Alors faire la différence entre un jeune bruant à gorge blanche d'un jeune bruant à joue marron, je ne connais qu'une technique, attendre qu'il mue pour avoir son plumage d'adulte. S'il voulait chanter peut-être, mais avouons-le, coucher dans la patte de l'ours ce n'est pas une position pour dire je suis le plus beau, je suis le plus fort. Bon si je prends des photos peut-être qu'en fouillant dans les gros livres... Les bruants sont les noms qu'on donne ici à vos pinsons, enfin presque, mais...

Je prends la caméra et d'une main je tente d'étirer le bras pour avoir une mise au point et, le tas de plume se met à protester, ça crie comme si je l'écrasais... je dépose la caméra, silence, je reprends la caméra et ça crie... Bon c'est clair, la caméra lui inspire une terreur mortelle, comme si chez certains primitifs de prendre son image ce serait voler son âme. J'aurais bien besoin d'une photographe comme Natilin, elle sait parler aux choses pour les rendre douces et vraies.

Bien comme je ne peux pas te garder avec moi toute la journée, je vais m'approcher du grand tilleul et tu auras moins d'un mètre à faire pour trouver une grosse branche solide. Après tu te caches, et quand le calme sera revenu dans ta poitrine, tu tenteras des petits vols de branche en branche. Je ne laisse pas l'épervier approcher de l'auberge.

Après réflexion, je pense qu'il était un peu lourd pour un bruant, je sais bien que c'est trompeur, et je ne suis pas sûr de faire la différence entre 25 et 40 grammes dans le creux de ma patte sans avoir une référence. Alors je dirais que ce n'est pas un bruant, mais un bébé carouge à épaulettes ( ou une sturnelle mais plus probablement un carouge).