Une ville a un visage

Comme tous les ours, ce n'est pas d'abord par les yeux que je perçois. Alors, j'ai besoin d'aide.

Les villes sont des lieux où des gens se sont aimés. Si je regarde le chemin parcouru, j'ai souvenir de sourires, de tendresses, de cafés à des terrasses, de visages qui regardent quelque chose. C'est un peu comme si je ne voyais pas moi-même, mais comme si je percevais à travers l'aura de quelqu'un d'autre.

Pour m'expliquer, je n'ai pas vraiment de souvenir de la tour du monsieur qui donc... Par contre, je me souviens très d'avoir marché sur l'allée Léon Bourgeois, ( parce que j'aime bien Léon le chauffeur de taxi) nous nous éloignons du Quai de Branly et de l'effroyable odeur de gazole pour entrer dans une forêt de jeunes arbres, qui sentent l'humus et l'espoir de dormir pour quelque temps. Même en riant, elle avait un reste d'accent anglais qui n'a rien à voir avec l'anglais d'Amérique. Nos mains se touchaient et s'éloignaient, se cherchaient et se fuyaient... Elle disait avoir peur de tout et pourtant était si brave, j'étais son héros et pourtant si perdu dans son monde.

Par dessus et dans le même coin, je me souviens de cerises. C'est un autre espace, parce que je sens une petite tension dans le genou et qu'il y a une petite personne près de moi que je dois toujours protéger. La ville sent la ville, il faut bien l'accepter. Mais j'ai le sentiment très fort d'être aimé et c'est bon. Un rêve se réalise et j'en suis bien heureux.

Alors quand je passerai près de chez vous, j'espère que vous m'inviterez. À la terrasse où vous avez été si amoureuse, que vous me parlerez de cette maison qui était si douce, de cette sculpture où vos mains se sont touchées. Alors chacun de ces lieux prendra son véritable sens. Et j'en prendrai totalement conscience, je revivrai la réalité par celle de la pierre mais de ce qui enrobe la pierre pour que naisse la vie.

Il n'y a pas de temps, chaque endroit est marqué du poids des amours, des peines et des joies, marqué si profondément quand le frôlant de la main je peux à nouveau retrouver celles et ceux qui ont été heureux là.

Il n'y a pas de temps. Les villes sont là où les gens s'aiment et j'ai besoin de vous pour le revivre.