La femme sauvage

Je commence un nouveau livre, et déjà j'ai le goût d'en parler. Il y a de fortes chances que je vous en parle plusieurs fois...

C'est un livre de Clarissa Pinkola Estès, une psychanalyste oui, mais aussi une conteuse qui se sert des contes pour traiter ses patients. Une bonne idée, une stratégie valable pour faire le pas entre ce moi si faible et la grande force unificatrice que j'appelle la vie. Le bouquin s'appelle « Femmes qui courent avec les loups » et ses réflexions entrainent tellement de liens avec les miennes, que je vais en avoir pour un bon moment à digérer tout cela.

Sa thèse principale : « Au fils du temps, nous avons vu la nature instinctive féminine saccagée. On l'a malmenée, au même titre que la faune, la flore et les terres sauvages. (…) Au cours de l'Histoire, les terres spirituelles de la femme sauvage ont été pillées et brulées (…) ses cycles naturels forcés à suivre des rythmes contraires à la nature, pour le bon plaisir des autres ».

Je ne suis pas certain que l'auteur utilise le terme sauvage dans son sens premier. Sauvage vient de Sylvia, forêt. Ce qui est sauvage appartient à la forêt. Je pense plutôt qu'elle oppose « sauvage » à « civilisé » c'est-à-dire de la ville. Il faudrait savoir si les sauvages n'ont pas eu aussi des civilisations, mais c'est une autre question. Non je crois que Estés, oppose sauvage à Histoire. L'Histoire, celle avec un grand H, ( et une grande Hache aussi), ne s'intéresse qu'au document, à ce qui est écrit. L'histoire ne commence qu'avec ceux qui utilisent une forme précise d'écriture, avant c'est la préhistoire.

Mais ceux de la préhistoire, et ceux qui sont encore dans la préhistoire ont des histoires, des contes. En étudiant ces contes, on pourrait mieux comprendre ce qui rend fou notre monde et les gens qui le subissent. Il faut voir les contradictions entre ce qui nous vient de cette « Terre Sauvage » des contes, pour l'opposer à L'Histoire.

Estès a aussi raison de s'intéresser aux femmes comme aux loups. L'Histoire, c'est un récit d'hommes, pour les hommes, enfin une certaine idée de l'homme que je ne partage pas. Il y a des femmes dans L'histoire, mais c'est quand elles servent les hommes ou se comportent comme eux.

Par contre, dans les histoires, dans les contes de ceux de la forêt, de la plaine lointaine, le cercle des femmes est reconnu comme centre du pouvoir pour la vie quotidienne de la communauté, parce qu'il se fondent sur les cycles de la vie. Et puis je l'ai écrit souvent dans ce blogue, les religions ont été bâties pour nier le seul vrai pouvoir, celui qui fonde et gère l'existence du groupe, celui de donner la vie.

J'ai souvent écrit aussi que pour les gens de la Belle Rivière, ceux qui étaient ici avant l'arrivée des Européens, un des contes fondateurs dit que les hommes se battaient entre eux pour posséder des objets jusqu'à mourir de faim et allaient disparaître quand les loups leur ont appris les lois de la survie : Ne prendre que ce qu'il y a de trop. Celles qui donnent la vie organisent la vie du groupe, la vie du groupe est plus importante que la vie de ses membres.