Un repas pour 9 milliards d'humains.

L'excellent magazine « science » se pose la question un repas pour 9 milliards, est-ce possible ?

La réponse très sérieuse et bien étayée : peut-être si... si des politiques de conservation et répartition d'efficacité et d'équitabilité sont mises en place tout de suite. Autrement dit, c'est loin d'être gagné.

L'article pose aussi la question l'actuelle gestion agricole est-elle soutenable ? La réponse est évidemment non. On ne peut pas produire de 15 à 18 tonnes de maïs à l'hectare sans entrainer une déstructuration des sols et un affaissement brutal des rendements. Remettre ces parcelles sur-exploitées en production demande plusieurs années de mise en jachère. De fait, si ce n'était de la mise en culture céréalière de très grands espaces au Brésil et en Argentine, on noterait déjà un plafonnement de la capacité mondiale de production.

Sauf qu'encore une fois la question est mal posée. Le problème n'est pas de savoir si on peut produire suffisamment de nourritures pour trois, cinq ou dix milliards, mais que nous sommes deux, cinq ou dix milliards parce qu'il y a tel volume de nourriture. C'est le même truc qu'avec les lapins et les renards. Quand il y a peu de renards, les lapins se multiplient ce qui entraine l'explosion de la population de renards, avec pour conséquence l'effondrement de la population de lapins, ce qui provoque la quasi-disparition des renards, et c'est alors que se multiplient les lapins... De fait, les cycles de la Nature sont toujours beaucoup plus complexes, parce qu'il y a des recherches d'équilibres à tous les niveaux. Mais le principe reste, c'est le volume de nourriture qui détermine la taille de la population et si on produit plus de nourriture, il y aura plus de naissance. L'effort considérable dans les années 50 et 60 pour enrayer les famines a provoqué l'explosion des populations ( de 2 à 7 milliards en 50 ans, c'est une explosion.) J'explique cela ici.

Oui c'est plus complexe parce qu'il entre dans cette équation l'élément énergie. Quand il n'y avait que le soleil pour produire l'énergie nécessaire aux cultures, la population de la terre s'était stabilisée autour d'un milliard. Avec le développement du charbon, la population de la terre s'est développée à presque deux milliards. Avec le pétrole, nous en sommes à 7 milliards. Ne pas oublier que le charbon et le pétrole ne sont que du soleil qui a brillé dans le passé.

En gros, nourrir un humain, c'est 170 kilos de fruits et légumes (dont 30 de pommes de terres), 100 kilos de maïs plus 90 kilos de blé et 85 kilos de blé par année. Le fait qu'un Nord-américain mange 12 fois ce que mange un Bengladeshi ne change rien au problème. Pour produire cette nourriture, nous avons besoin (en engrais, exploitation des sols et transport) de plus d'un milliard cinq cent millions de tonnes de pétrole, soit 40% de la production mondiale.

Certains prétendent que nous avons atteint la quantité maximale de production, d'autres disent que ça prendra encore vingt ans avant que ce seuil ne soit atteint. Encore une fois, cela ne change rien au problème: pas de pétrole, pas de nourriture.

L'évidence est là, sans engrais, on produit de la nourriture pour un milliard d'humains. Sans pétrole, il n'y a pas d'engrais.