Avec Panache

Le grand troupeau de caribou du Nord du Québec se disperse durant l'hiver. C'est maintenant le retour vers les aires d'estivage.

A l'automne, le grand troupeau de près d'un million de caribous, monte des plaines côtières bordant la baie d'Ungava, et se disperse dans la taïga à la recherche de la rare nourriture, un territoire grand comme la France. A la fin de l'hiver, les hardes se rassemblent, groupe après groupe, pour revenir au territoire de mise-bas.

C'est que dans la taïga, il y a un prédateur terrible, des milliards de fois plus nombreux que les loups et mille fois plus dangereux. Ce sont les moustiques qui rendent la vie impossible dans cette zone. Le poison qu'ils nous injectent pour garder le sang liquide pendant qu'ils s'en nourrissent, provoque des chutes de tension artérielle et des pertes de conscience qui nous empêche de nous défendre et la mort. Il faut retourner à la mer, là où le vent presque constant accorde un certain répit.

Les caribous font donc une migration d'environ 6000 kilomètres par année. L'été dans la zone bleu de la carte, où il y a plus de 50 % de pergélisol, à la zone en jaune l'hiver, où il y a moins de 10% de surface continuellement gelée.

Que vous appeliez cela Bois, Andouillers ou Panaches, ces cornes sont considérées comme un attribut sexuel des cervidés comme la barbe. Le caribou est la seule espèce que je connaisse où les femelles comme les mâles portent des bois. Les mâles perdent leurs bois au début décembre à la fin de la période du rut, mais les femelles continuent de les porter jusqu'en mai. Mais on vient d'observer que les plus jeunes perdent leurs bois plus tôt et qu'il semble que l'age soit un facteur, les jeunes femelles perdant leurs bois plus tôt que les vieilles.

Bien sûr, pour que cela devienne de la science, il faudrait observer sur plusieurs années, suivre les regroupements et faire des statistiques. Mais je pense que je peux poser de nouvelles hypothèses. On pensait que les femelles gardaient leurs bois pour protéger les petits des loups. Mais c'est plus ou moins cohérent parce que les femelles sont en avant de la harde et précédent les petits. Les loups attaquent en course par le côté et l'arrière et chassent donc les mâles. Dans la course qui s'en suit, les faibles et les petits se laissent distancer et ce sera le plus faible qui sera tué, protégeant la santé globale du troupeau.

Je pense donc que les vieilles femelles gardent plus longtemps leurs panaches parce qu'elles connaissent l'objectif, et qu'il est important que toute la harde puisse voir dans quelle direction elles tracent la route.