Pied Vagabond

De tous les oiseaux, peut-être celui qui me ressemble le plus. Ce n'est parce que je suis souvent incompétent à dire la Beauté du Monde que je dois cesser de tenter. Une reprise. 

Tous ceux qui font de la recherche savent bien que le problème n’est pas de trouver des documents, mais dans le tas qu’on accumule, savoir « où est-ce? » Mais surtout « qu’est-ce? ». Alors il faut régulièrement faire du ménage, tenter des classements, mais surtout se souvenir...

Alors, je tombe sur « ALAEMON ALAUDIPES » Maroc 92. Je n’ai aucun souvenir. Pourtant un oiseau qui s’appelle "pieds vagabonds", je devrais m’en souvenir. Mais non, rien. Un peu de recherche et j’apprends qu’en français il s’appelle un sirli du désert, qu’il est de la famille des alouettes (alaudipes : les pieds). Toujours pas de souvenirs, c’est probablement un chant que j’ai reçu d’un ami, que j’ai classé vite fait en attendant d’en écrire quelque chose, j’espère au moins lui avoir dit merci, d’habitude j’ai ce genre de trace.

Et puis j’écoute… un enfant joue gauchement d’une flute. Il tourne autour de ses 3 notes, toujours un peu fausse, toujours sans réel rythmique, tente la complexité d’une trille, mais retourne au simple fait de dire. Oui, il est capable de la répétition rapide de la même note, typique des alouettes. Il préfère revenir à sa note, toujours aussi fausse, toujours aussi sincère.

Il y a les athlètes du verbe, capable de sculpter des merveilles sonores, et puis ceux qui avec beaucoup d’effort, réussissent à peine à dire leur amour du monde. Je suis comme toi, Pieds Vagabonds, incompétent à dire la beauté de ce que je vois, mais je dois le faire quand même, je dirai quand même que notre monde est beau.