Un bon voyage

5 heures de route un dimanche matin par beau temps et sans bouchon, difficile de demander mieux. Il y avait beaucoup de gros oiseaux qui profitaient aussi de la belle température pour jouir du vent et se laisser glisser dans la douceur des choses.

Nous étions 4 dans la voiture, dont Gabrielle, la fille de 7 mois de mon neveu. C’est un bébé calme et souriant et malgré qu’un si long voyage soit une épreuve pour ces petites personnes, elle n’a presque pas pleuré. Cependant un bébé cela veut dire énormément de matériel en tout genre, l’auto était pleine jusqu’au toit.

J’ai vu un groupe de 6 Urubus à 100 kilomètres au Nord de Québec, je n’ai pas eu le temps de consulter mes amis oiseau-logues mais je pense bien que c’est la première fois que cela se produit. L’Urubu est très sensible à la chaleur. Le reste de l’été sera probablement beaucoup plus chaud que la moyenne. De toute façon presque chaque mois nous battons des records de températures. Non il n’est pas possible de démontrer que la terre se réchauffe.

Et quittant le golfe Saint-Laurent vers la forêt. Nous sommes entrés dans le domaine de l’aigle doré. Durant 50 kilomètres il y en avait toujours un dans le ciel. Difficile de savoir si ceux-ci nous souhaitaient la bienvenue, ou nous avertissaient de faire attention à ce monde qui est le leur, mais je le prends comme un signe qu’ils ont bien fait leur travail de grand prédateur, que l’équilibre est respecté, que le monde est beau, je peux y reprendre ma place.

Ma ouache d’ours semble bien se foutre que j’y sois ou pas. L’hiver n’a pas été trop difficile, il n’y a pas de dégâts majeurs, sauf peut-être deux ormes très affectés par la maladie hollandaise, et que je devrai émonder sérieusement. J’ai descendu le quai, désherbé une platte-bande de gadelles. Mais comme chaque année ce qui fut le plus long c’est de me battre avec l’Internet, pour qu’enfin cela fonctionne. Après plusieurs heures, j’ai réussis à renvoyer un premier courriel : « test, test » comment configurer le smtp déjà?… Merci à tous ceux et celles qui m’ont fait de beaux messages, merci à Akinou et à ses si belles filles pour leurs messages que je ne reçois qu’à mon retour ici. Mais cela me fait tellement plaisir.

Finalement, les seuls à dire qu’ils sont vraiment heureux de mon retour, ce sont les oiseaux. Le couple de colibris est venu tout de suite me tourner autour de la tête, fier de sa prospérité, mais exigeant le miel ( très très) coupé d’eau que je leur donne à la demande. Et puis ce fut la canne malard qui a fait veiller ses canetons vraiment très tard pour venir me les présenter. Je ne pouvais pas vraiment les voir, il faisait trop sombre, mais ils m’ont semblé très gros pour le temps de la saison. Le huard « Juan Leroi » a comme d’habitude passé des commentaires un peu désobligeants sur la fébrilité des canards, mais a quand même daigné me faire son cri d’accueil.

Le message de mon retour a eu le temps de se répandre, aussi vers 5 :30 ce matin, il n’était plus question de dormir, tant une foule ailée c’était assemblée autour de la maison, et réclamait ma présence. Oui, me voilà dans mon monde, parmi les miens, tout aussi sérieux et ridicules que les gens de la ville, mais qui me ressemblent d'avantage, et j’y suis si bien.