espoir de printemps

J'ai entendu un vol d'Oies blanches. Il va y avoir un printemps. Et comme je vais à Paris au printemps, j'en rêve.... alors en reprise, les amours des ours. Ce texte a été écrit pour février... et nous sommes en mars. Mais il est toujous valide.

Les ours ont une mauvaise vue. Par contre, l'odorat des ours est si puissant qu'ils peuvent voir, entendre, gouter et presque toucher par leur nez. Et quand ça sent le printemps...

Pourtant à regarder dehors, rien ne pourrait laisser croire qu'un jour le printemps reviendrait. L'air goute l'hiver et les chutes de neige se succèdent, ce sera une année record pour la neige. Marchant lentement dans les vingt centimètres tombés cette nuit, je ne veux pas glisser, je suis passé près d'un tout petit parc. Une trentaine d'arbres seulement, mais qui servaient de perchoirs à au moins deux cents oiseaux qui paillaient très fort et dans une telle confusion qu'il n'y avait rien à comprendre.

La frénésie de cette meute ailée ne me laisse aucun doute. Les oiseaux savent quelque chose que le temps ignore: le printemps s'en vient. Je me suis laissé prendre par cette odeur, et elle m'a dit qu'il est maintenant temps de me préparer le coeur, des choses se préparent au loin, pour moi, pour que le printemps se réalise.

Ceux qui apprennent par les yeux ont un grand handicap. Ils ont besoin d'aide pour comprendre. Sans lumière les choses ne se révèlent pas, et parfois il faut expliquer très longtemps, pour qu'ils imaginent ce qui est pourtant une évidence. Ceux qui apprennent par le nez n'ont pas besoin d'aide, l'odeur est là accrochée à chaque branche à chaque grain de matière même si l'objet de l'odeur est parti. Alors le temps n'est plus une réalité, il devient une intensité. Et comme parfois ceux qui d'abord voient, inventent l'image de leur désir, ceux qui d'abord sentent trompent le temps en sentant longtemps, jusqu'à ce que l'intensité devienne présence.

C'est pour cela que les ours sont dans l'intensité(kakawi Koskenal). Ils sont tout à la tâche de réaliser la présence hors du temps. Il y a Serge Bouchard qui vient d’écrire : « Le saviez-vous les ours s’aiment intensément. L’ours et l’ourse ne sont pas économes de leurs ébats aux temps de la passion. Il faut bien qu’oursons se fassent. Alors pendant une semaine, les ours ne font que ça, l’amour. Nous sommes entiers, l’avais-je dit? Il s’en casse de la branche dans le sous-bois, il s’en grogne du plaisir dans les broussailles et tant de vieux arbres s’en souviennent…

Ce printemps est-il un passé que je veux revivre? Ce printemps sera-t-il un nouveau temps? Je ne sais pas. Je le saurai avant de finir de le vivre... je le saurai si l'odeur d'un doux passé se mue en tendresse. Mais l'ours désire l'ouragan au point d'écrire avec des gants.