Wilkins encore
dimanche 5 avril 2009, 14:52 Nouvelles du Nord Lien permanent
A 23:00 GMT le 4 avril, il y aurait 77 000 kilomètres carrés de la plaque de Wilkins qui se serait brisée et aurait commencé à dériver. Les Iles de Charcot et de Latady (ente autre) ne sont plus reliées au continent. On commence à le savoir, ce serait plutôt autour de 2 000 (peut-être moins) la plaque Wilkins au total fait 16 000, il y a une erreur dans le premier communiqué.
Je n'ai pas encore pu mettre la main sur des photos satellites, si vous en trouvez ça m'intéresse. 77 000 kilomètres carrés, c'est à peine croyable, j'espère que les journalistes (le New York Times quand même) se sont trompés dans leurs calculs. L'an dernier j'avais fait tout un plat d'un effondrement de 250 kilomètres carrés. Si quelqu'un a besoin d'une preuve de changement très rapide sur notre petite planète, en voilà une. J'ai écrit un texte là-dessus en juillet dernier, en voici la presque reprise.
C'est l'hiver Antarctique. Les conditions extrêmes sur notre petite Planète. L'espoir d'une certaine régulation, que la hausse des températures nous donnera le temps de nous adapter, vient de s'effondrer.
La formation de ces plaques résulte du lent glissement des glaciers qui emplissent la mer peu profonde d'une glace compacte qui se solidarise et qui avance lentement. Après un certain temps, ces plaques atteignent de plus grandes profondeurs et logiquement se mettent à flotter. La marée induit un cisaillement et ça casse en très grands blocs. Rien de surprenant à cela. Ce phénomène se produit depuis des centaines de milliers d'années. Sauf qu'avant 2000, une plaque se détachait tous les vingt ans. Maintenant c'est tous les ans, et un glaçon de 77 000 kilomètres carrés c'est 200 fois plus grand que les évènements précédents.
Photo satellite de 2008 donc avant l'effondrement.
Pourquoi? Parce que les glaciers accélèrent. Pour que les glaciers bougent, il faut qu'ils fondent par la base et glissent sur un coussin d'eau. Le poids du glacier est suffisant pour expliquer la friction et la chaleur, une chaleur suffisante pour faire fondre un peu de glace. La température extérieure ne peut pas beaucoup intervenir dans ce processus parce que sous 2 kilomètres de glace, le temps qu'il faut en haut, on s'en fout pas mal. Sauf qu'il y a les moulins. Quand ça fond en surface, l'eau réussit parfois à creuser des tunnels verticaux qui descendent l'eau vers la base du glacier. Il y a de plus en plus de moulins, et cela peut expliquer une partie de la grande accélération des glaciers.
Et puis la mer qui entoure l'Antarctique se réchauffe (+2,5 degrés ces derniers 20 ans) et ça, c'est plus difficile à expliquer. Parce que rajouter un cube de glace de 15 000 kilomètres cubes par année ça devrait aider à refroidir le verre de gin non? Alors pourquoi la température monte si rapidement?
Il n'y a rien à conclure d'un évènement aussi considérable. Ou peut-être cela n'a rien de considérable parce que c'est la suite logique du dérèglement de la machine climatique et qu'on ne peut pas en prévoir les réelles conséquences. Il va encore y avoir des congestions sur les autoroutes demain matin et on va encore couper des arbres, on va encore bruler du charbon et pomper du pétrole. Bonne chance.
Une amie très chère me disait que mes billets étaient parfois très noirs, et ce matin j'ai envie de lui donner raison. Tout ce que je tente de dire, c'est que notre mode de vie est insoutenable et cela veut dire qu'on ne peut pas le soutenir.
EDIT: Heureusement il semble que le premier journaliste se soit trompé et que la surface ne soit "que" de 2 000 kilomètres carrés !!! Même si ce n'était que 1000 ce serait déjà énorme.
Commentaires
Il y a une photo là du 2 avril si tu cliques
et un dossier en français avec les mêmes photos, mais en français. Oui, bon ! le dossier, pas les photos... !
Merci pour les infos, elle datent cependant d'avant le dernier effondrement je crois. Ça va probablement prendre un jour ou deux avant qu'on sache vraiment ce qui s'y passe. Mais c'est beaucoup plus important que ce qu'on craignait le 2 avril.
Ici ou ici aussi.