Parc Georges Brassens
jeudi 18 juin 2009, 10:53 General Lien permanent
Hier ballade dans le sud de Paris, histoire de découvrir le tram et le Parc André Citroën.
Dans l'art d'emmerder les automobilistes, le tram c'est vraiment une invention géniale : confortable, silencieux, économe en énergie. L'écolo est content et peut voir la ville en souriant. J'ajouterais un détail, pourquoi ne pas mettre un déclencheur qui ferait tourner les feux de circulation au vert quand le tram approche ? Ca désynchroniserait tout le trafic automobile et le tram gagnerait 20 à 30% en vitesse. Une raison de plus de ne prendre l'auto que pour sortir de la ville.
Je marche dans ce 15ième qui respire l'aisance financière, avec à la périphérie les très beaux HLM de briques. Si on avait continué à construire comme ça, les problèmes des Cités seraient beaucoup moins importants. Il reste une convivialité, une mixité des usages et des populations qui permet l'espoir, l'idée qu'on peut s'en sortir. Cette idée est souvent fausse, mais au moins elle évite de sombrer dans le refus, le déni et la haine.
Et puis je passe en haut du Parc Georges Brassens. Et pourquoi pas descendre, rendre un hommage au gros Georges, à ce grand poète des petites choses et des vrais sentiments... Il suffit de passer le pont....
Première surprise, les oiseaux, pas de fauvettes, très peu de pinsons, un pouillot craintif qui se tient en bordure et ose à peine chanter... des mésanges qui n'ont peur de rien, des pigeons comme partout mais surtout beaucoup de corneilles ou petits corbeaux, méfiants et agressifs. Je descends jusqu'au petit äne de fer que trois princesses de 5 ou 6 ans tentent de faire avancer.
Tout pour me rendre heureux et pourtant, je sens comme une angoisse monter en moi. C'est d'abord les jambres et puis les bras qui deviennent lourds. Passé le bassin d'eau, une forte nausée m'habite, je cherche la sortie, je cours vers la sortie. J'ajoute une centaine de mètres et voilà que ça s'apaise. Je suis troublé, ce n'est pas un reste de ma gastro, c'est un cri de la Mêre-Terre, une révolte.
La longue ballade ne me calme qu'à peine. L'ordonnance toute rationnelle du parc André Citroën ne réussit pas à me séduire, je comprends, j'admire le geste et l'intelligence, mais je n'aime pas, sinon les cascades d'eau qui me lavent de ma tristesse.
Je reviens par les RER et encore je suis triste. Les centaines de milliers de personnes qui arpentent ces corridors et quais méritent mieux que cette grisaille, cette tristesse, ils sont la raison d'être de cette ville, donnez leur de la joie.
De retour à la maison, je saurai qu'on a construit le parc Georges Brassens sur d'anciens abattoirs...
Commentaires
En tout cas, on pourra dire que tu as vécu ce séjour avec tes tripes...
Cher Moukmouk, toi qui écris si bien le français, je me permets de te faire remarquer une petite faute dans ton texte. La balade que tu fis à travers le 15è ne prend qu'un "l" quand la ballade (du pauvre pendu, des gens heureux, etc.) n'en prend qu'un. Mais comme tu étais sur les traces de Georges Brassens, un baladin (avec un seul "l") bien sympathique, tu es pardonné ...
Oui, les anciens abattoirs de Vaugirard. Tu as peut être d'ailleurs vu le bronze de taureau imposant non loin de l'endroit que je trouve le pire pour les affreuses sensations physiques que tu décris.
Saveur--) Merci du renseignement. Je pense que c'est la peur des sacrifiés et l'indifférence des bourreaux que je ressens.
Ppn--) Merci du compliment... mais le français est une langue que je ne maitrise pas loin de là !
Anne--) oui mes tripes et mes petites anguoisses
oh, bien... j'étais à 10 minutes de là où tu te trouvais... dommage quand même... par contre on était dans un petit square charmant où il faisait bon vivre!
"Si on avait continué à construire comme ça, les problèmes des Cités seraient beaucoup moins importants."
Cette barrière d'HLM en brique cerne Paris. Mais suivant les arrondissements, la vie y est très différente. Bd Ney, au nord de Paris, ce sont les mêmes constructions, mais les problèmes sont lourds. Ce n'est pas un problème de construction. Les appartements sont les mêmes (et plutôt pas mal), ce sont les gens qui sont dedans qui sont différents. Plutôt privilégiés dans le 15e et le 17e, par exemple, plutôt pas du tout dans le 18e, le 19e ou le 20e. Ce n'est pas le HLM qui fait la population et de nombreux appartements de ce type sont en fait loués a des gens qui ont les moyens de vivre.
HLM, c'est un sigle qui n'existe plus et qui regroupe des type d'habitations publiques très différentes, du PLI au PLA en passant par le hors normes, etc. Les loyers, pour un même type d'appartement, pour le même type de construction peuvent aller du simple au quadruple. Et dans la plupart des quartiers parisiens, la mixité n'est qu'un leurre. Les logements publics sont devenus bien trop chers pour les pauvres.
Quand je bossais dans mon journal, je m'occupais de la commission logement. Et nous nous rendions compte que malgré le parc locatif très important dont nous disposions, nous n'avions absolument pas la possibilité de loger la moitié des salariés car les logements étaient trop chers pour leurs revenus.
J'étais dans le Parc G. Brassens presque au même moment, on aurait pu se croiser! Tant pis...
marc