Moukmouk de Pohenegamouk

J'ai un ami qui chaque automne, passe ses fins de semaines à faire des centaines de kilomètres pour faire le tour d'une liste de producteurs agricoles où il achète à très bon prix une montagne que fruits et de légumes qu'il cuisine et empote. Ça prend du temps, mais il en a beaucoup, il est à la retraite depuis deux ans. Sauf qu'à la retraite, les enfants sont partis et la maison est vide, et ça ne sert à rien de cuisiner autant. De fait, j'hésite à aller voir cet ami à l'automne parce que je reviens chargé d'un tas de pots que je serais très mal venu de refuser. Je me contente d'aller au marché Jean-Talon, il y a de tout et du très beau.

En ce moment, c'est le triomphe de la tomate et des courges. J'ai passé une bonne demi-heure à discuter avec des producteurs des qualités et des différences entre la bonne cinquantaine de variétés de tomates exposées, et j'avoue que moi qui prétendais m'y connaître quand même un peu, j'étais dans les patates (et pas dans les tomates). J'ai gouté entre autres à des variétés anciennes de tomates orangées tellement bonnes... oui une fois cueillies, elles pourrissent en moins d'une semaine. Donc il faut la cueillir quand elles sont prêtes ( ce qui est très rare pour des variétés de tomates du commerce) et les utiliser tout de suite et alors nous avons le maximum du goût, une merveille.

Mais le sommet en ce moment ce sont les courges. Il paraît qu'il y en a trois cent mille variétés, la plupart développées par les amérindiens dont c'était un élément central de l'alimentation, le légume principal. Je n'ai pas énuméré les différentes variétés présentes au marché, les ours ne savent pas compter jusque-là. Mais il y en avait de toutes les couleurs y compris bleu (ça fait bizarre) de toutes les tailles et de toutes les formes.

Pour la cuisine, c'est un peu comme le tofu, le goût est assez subtil et on remarque davantage les nuances de texture. Alors, faut vraiment pas se gêner avec les épices. Le curcuma, le cari, le gingembre et bien sûr les muscades sont particulièrement délicieuses avec les courges, citrouilles et autres potirons. En dessert, il ne faut pas oublier les courges à la vanille ni l'alliance plus que délectable de la courge et du chocolat.

Si vous trouver cela difficile à cuisiner, on coupe la courge en deux ( pas en hauteur, mais en épaisseur) on enlève les graines qu'on fera griller ( c'est délicieux) et on place au four pour 20 minutes, après on recueille la chair, dont on fait une purée et hop! Au congélo. Ça servira de liant à tout, et c'est bon partout.

Les muffins citrouille et chocolat que je dévore étant nettement plus intéressants que ce que j'écris, j'arrête immédiatement.

A la demande de Marianne, voilà maintenant le cri d'agonie d'une courge rendant l'ame sous mon grand couteau ( L'horreur à son sommet)