Une excellente nouvelle

On en sait si peu sur nos voisins. Les bélugas par exemple, ces magnifiques petites baleines blanches de l'Arctique, les Inuit apprennent encore aux scientifiques des faits élémentaires. Mais là, la nouvelle me remplit de joie.

Il y avait toujours eu une contradiction entre la durée de vie des bélugas telle que comptée par les inuit et celle compté par les scientifiques. Les Inuit connaissaient des individus bélugas depuis 50, 60 ans alors que l'espérance de vie d'après la Faculté ne dépassait pas 40 ans. Mais un béluga ressemble à un autre béluga et les vieux Inuit peuvent se tromper c'est certain. L'objectivation scientifique c'est l'art de trouver la méthode qui prouve que j'ai raison.

On compte l'age des bélugas (morts bien entendus) en coupant une dent et en comptant les cernes, deux cernes par année, et un très vieux béluga a 40 ans. La cause est entendue.

J'ai parlé une ou deux fois de mon ami Hélis. Je sais, c'est extrêmement présomptueux de ma part de l'appeler mon ami, mais permettez-moi de prendre mes désirs pour la réalité, ce ne sera ni la première ni la dernière fois. J'ai déjà parlé de lui ici, et il y a un bon dossier de presse du GREMM là..

Hélis a maintenant entre 35 et 40 ans, d'après certains et plus probablement près de 45 ans d'après moi. J'étais donc inquiet pour mon ami craignant à chaque printemps d'apprendre qu'il a été trouvé sur une plage, mort d'un cancer où d'une maladie du coeur. Après tout les vieillards ne sont pas éternels.

Mais victoire et trompette, un chercheur vient de découvrir que les bélugas ne font pas deux cernes par années dans leurs dents, mais une seule et parfois pas du tout. Cela change totalement la vison que nous avons de ces sympatiques voisins. Hélis à quarante ans, n'est pas un vieillard, mais dans la force de l'age. J'ai de bonne chance de mourir avant lui.

Cela change aussi l'idée qu'on avait de la toxicité du fleuve. En vivant dans l'estuaire du Saint-Laurent, cette petite colonie de bélugas, navigue littéralement dans les égouts de l'Amérique. Ce grand fleuve traverse les zones les plus industrialisés de l'Amérique, et malgré tous les protocoles, les ententes et les bonnes volontés affichées, la multitude des substances dangereuses qu'on y jette est hallucinante. Le problème c'est qu'il faut démontrer qu'une substance est dangereuse, organiser une campagne, la faire interdire, et pendant ce temps les laboratoires en développent douze autres aussi dangereuses. C'est l'analyse causale plutôt qu'une vision systémique qui nous tuera, les ours, les humains et les baleines.

Il faudra revoir tout ce qu'on savait sur les poisons qui nous environnent. C'est pas forcement une mauvaise nouvelle, parce qu'on apprendra sans doute des éléments nouveaux, qui nous permettrons de mieux comprendre la vie.