Il est trop tard—Précision

Le titre de mon billet d'hier, et peut-être son contenu, prête à confusion. Comme je parle souvent des conséquences des changements climatiques, je pense qu'il est très important que je précise ce que j'ai voulu dire.

Je ne crois pas qu'on puisse lire mon billet comme disant : c'est la fin de l'humanité. Ce que je dis c'est qu'il est trop tard pour éviter les chocs que provoqueront les changements climatiques. Je réagis évidemment à la critique d'Anita, qui dit : a) que l'humanité a toujours réagi aux changements climatiques b) que les politiques vont mettre en place des mesures quand ça chauffera trop c) que ce qui sera un changement ne sera pas forcément négatif. J'espère bien résumer sa critique, et je vais essayer de m'expliquer clairement là-dessus.

a) Il est indubitable que les humains, comme tous les autres animaux ont toujours réagi aux changements climatiques. Les humains comme tous les autres animaux sont régis par la règle de la disponibilité de nourriture. Le nombre des membres de chaque espèce est aussi grand que la disponibilité de nourriture pour cette espèce. Mourir de faim, n'est pas l'exception, mais la norme. Pour une fourchette climatique donnée, il s'établit un équilibre dynamique entre les espèces. J'ai souvent dit que l'utilisation des engrais azotés depuis 1950 explique comment la population humaine est passée de 2 à 7 milliards. Un autre bon exemple d'adaptation des populations aux changements climatiques est « le petit age glaciaire »au 14ième siècle. La population de la Terre a diminué de 25% à 45% selon les auteurs, mais l'humanité s'est adaptée, comme elle s'adaptera au prochain changement. Et oui l'augmentation très rapide du prix des engrais azotés provoquera probablement plus de morts, mais il faut bien voir que les deux phénomènes sont liés.

b) « Les politiques vont mettre en place des mesures quand ça chauffera trop. » Là, je suis en total désaccords. Ça chauffe trop depuis au moins 15 ans, et nos politiques nous parlent encore de croissance économique, de travailler plus pour gagner plus et d'expansion des marchés. Nous sommes entrés dans une crise économique et la sortie qu'invente nos politiciens est de créer de la monnaie pour que nous achetions plus, pour que nous détruisions encore plus, avec pour résultat que les gens des pays pauvres vont plus mourir de faim. Des mesures politiques seraient possibles mais il n'est pas politiquement envisageable de les mettre en place. Qui osera dire qu'il faut garder tout le pétrole qui reste pour l'agriculture?

c) Ce qui sera un changement ne sera pas forcément négatif. Bien sûr. Après le petit age glaciaire, il y a eu la Renaissance. Le changement se produira, et de la qualifier en terme de bien ou de mal, de plus ou de moins ne change rien à sa réalité. Sauf que plus on en parle, plus on réfléchit sur le sujet, plus on a de chance de diminuer les effets négatifs dans la transformation.

Que la population de la Terre diminue ce n'est pas forcément mauvais, mais je n'aime pas compter des morts. La dématérialisation de la Culture ( la fin des livres, des journaux, des revues etc.) n'est certainement pas mauvaise si elle permet une démocratisation des contenus (sur support informatique). La fin de la folie de la consommation ce n'est certainement pas mauvais, mais ça implique une totale réorganisation du travail, et une redistribution très différente de la richesse.

Forcément, on va y arriver. Travaillons à ce que la transition ne soit pas trop pénible.