Une grosse question

La dictature de la mode m'inquiète. Je ne comprends pas la mécanique de la conformité dans la représentation de soi.

J'ai lu quelque part : voilée en Afghanistan, épilée en occident... en franchement cette phrase me chicote. Qu'une fille s'épile, se teigne les cheveux, porte un fichu sur la tête, se fasse couper le petit orteil pour porter des souliers pointus, c'est son corps et je n'ai pas mon mot à dire là-dessus. Je suis par contre très opposé au voile musulman parce que ce sont des personnes qui imposent une norme à une femme dans le clair but de la dominer, de lui ôter son droit à être un être humain comme les autres.

J'ai parlé récemment de la dictature de la minceur et si j'y reviens c'est que je ne trouve pas de réponses à mon questionnement. Parce que la vraie question est : où s'arrête un très légitime désir de se sentir bien dans sa peau et belle (beau) parce que le monde a besoin de beauté et où commence la soumission à des normes sociales qui empêche de se sentir bien.

Pour moi, de vouloir imposer de porter le voile à une femme c'est un crime et un crime grave. Aussi un homme qui voudrait imposer à une fille de s'épiler commet le même crime. La maigreur actuellement imposée aux filles comme la nécessité de s'épiler, je me demande si ce n'est pas devenu une nouvelle façon de rendre les femmes esclaves. Esclaves d'une norme comme le voile islamique est une norme.

Vivre à dix kilos du bonheur, ça peut devenir un esclavage quand ne pas être mince est un manque de contrôle. Ça ne suffit pas de dire qu'en Afghanistan une femme qui ne se voile pas risque la mort. Une femme en occident peut vivre l'exclusion parce qu'elle ne se sent correspondre à une norme pas vraiment affirmée comme loi, mais qui est vécue de la même façon.

Je ne veux pas faire porter tout le poids de cette question aux individus. La différence n'est pas entre la fille qui s'épile parce qu'elle est fière de montrer ses belles jambes contre la folle qui se sent malheureuse de s'épiler, mais qui le doit parce que ça ne se fait pas de sortir poilue. Il y a des périodes où la pression sociale sur les femmes pour correspondre à une convention esthétique est plus grande, et c'est contre cette pression que j'en ai.

Je pense que nous sommes dans une période où la contrainte à la conformité est particulièrement lourde. Est-ce que je me trompe?