Le retour des troglodytes

Journée grise sur Montréal, ce n'est pas une raison pour rester dans la ouache. L'ours a besoin d'air et de sentir le printemps. Pour Sam et Maé qui aiment les oiseaux.

Oui, mais bon... pour sortir sous le petit crachin, ça prend presque une excuse. Je passe chercher un micro à coupole avant de marcher vers le parc. Il y a une rumeur de trafic, des chiens qui courent après des balles ou des écureuils, une vieille corneille qui répète un discours politique mille fois entendu. De fait, je cherche un oiseau du printemps. Un son qui me donnerait espoir de soleil, de vie foisonnante, de temps à s'étendre dans l'herbe.

Dans la lumière grise, tous les oiseaux semblent être des moineaux ou enfin ces fameux Pit-Pit bruns, vaste famille des oiseaux chanteurs qu'il est impossible de différencier sans une bonne paire de jumelles. Mais voilà, on ne peut tenir à la fois des jumelles et un micro à coupole. Et puis l'ours a les oreilles bien meilleures que les yeux. Alors je cherche, branche après branche dans les arbres sans feuilles donc sans le bruissement si difficile à filtrer.

Et puis voilà ce que je cherche ! Il est revenu ! Les phrases de deux secondes presque jamais les mêmes, très complexes. Le chanteur est minuscule ce qui ne l'empêche pas d'être habile et surtout prétentieux. Habile parce qu'il construit des nids avec un toit, peut-être pour se protéger des prédateurs, ou peut-être parce qu'il aime son intimité.

C'est à cause de ces nids cavernes qu'on l'appelle troglodyte en français. Parmi les petits poètes ailés c'est un des plus subtils et raffinés. Après beaucoup de montage, voici un petit échantillon de son vaste vocabulaire :

Un petit père tout rond, comme quoi l'habit ne fait pas le moine. Je n'avais pas de caméra, mais j'ai une vieille photo dans mes archives que j'ai pu prendre en échange d'une belle grosse chenille... Voici Yoda le troglodyte :