L'école Québécoise et les garçons

Une étude très intéressante de J.C St-Armand et mes conclusions.

Ce chercheur vient de publier une étude sérieuse, très bien appuyée par des recherches partout dans le monde, sur la différence de diplomation entre les garçons et les filles à la fin du secondaire. Cette analyse devrait mettre fin à l'idéologie voulant que l'école dominée par les femmes décourage les garçons de poursuivre des études... si elle était lue, mais justement ceux qui hurlent contre l'école ne lisent pas les études sérieuses.

Ce que le livre dit: le taux de décrochage des garçons au Québec était moins de 24% en 2004 ( probablement moins que 22% maintenant d'après mes donnes) et de 14% chez les filles. Que ce décrochage se produit essentiellement dans les milieux socio-économiques défavorisés. Elle dit aussi que c'est une nette amélioration par rapport à 1979 (44%) et je rajoute par rapport à 1960 où c'était autour de 80%.

Et ce n'est pas parce que l'école québécoise donne des diplômes à rabais. Les tests PISA le démontre, l'école québécoise est une des meilleurs du monde, la compréhension des jeunes québécois de 15 ans en sciences et mathématiques, est égale ou supérieure aux jeunes du même âge partout dans le monde. Bien sûr, il y a partout des génies et des cancres, je parle de moyenne.

La connaissance de la langue maternelle (lecture et écriture) est le seul secteur où les filles ont de meilleurs résultats que les garçons. C'est vrai ici, mais c'est vrai aussi partout dans le monde. Dans toutes les autres matières, les garçons font aussi bien que les filles. Changer les méthodes d'enseignement de la langue ? Je doute fortement qu'on trouve des solutions dans cette direction.

Par contre, il y a deux facteurs que l'étude ne considèrent pas. Le premier l'horaire de l'école. Demander à un adolescent de penser, lire et comprendre avant 11 le matin est une aberration biologique. Le jeune homme est physiquement en classe, mais son cerveau dort encore. Cela tient au cycle de sérotonine, et même si on mettait tous les garçons sous luminothérapie, je doute qu'on réussisse à changer une donnée aussi fondamentale. Il s'agit encore une fois de moyenne et il y a partout des exceptions.

Le second facteur est plus important. Dès la première année du primaire, il est possible de détecter les retards qui feront décrocher le jeune avant la fin du secondaire, et cela tient beaucoup plus de l'estime de soi que des capacités intellectuelles. Il est donc de la plus haute importance d'investir massivement dans le développement de la petite enfance. Le succès de l'école québécoise est peut-être dû à la valeur de son système des garderies.

Si on couple cette analyse avec le fait que ce sont des jeunes de milieux défavorisés (moins présents en garderies)qui majoritairement décrochent, me fait poser l'hypothèse : « un enfant dont les parents se sentent exclus, se perçoit comme exclu et travaillera beaucoup moins à son propre développement ». Du moins, ces projets de développement ne se feront pas dans les champs de compétence que mesure l'école.

Bien sûr, moi aussi je veux qu'on améliore l'école. Mais ce n'est pas dans le sexe des enseignants qu'on trouvera des solutions, mais plutôt dans l'effort d'intégration des enfants avant et au primaire.

Le livre ; « les garçons et l'école » Jean-Claude St-Armand, Éditions Sisyphe