L'idéologie du GOP et le budget américain

Les Républicains tentent un coup de force qui pourrait bien saper les bases de l'empire.

Le déficit des USA est abyssal. La dette totale évaluée à un peu plus de 14 000 milliards de dollars soit tout près de 100% du PNB, et cette dette croitra cette année de plus de 12%. Par comparaison la dette nette de la France est autour de 50% du PNB et celle du Canada, autour de 40%. Je dis « autour » parce qu'il y a deux cents façons de calculer la dette d'un état, et ce n'est pas l'endroit pour faire des discussions savantes sur ce qui entre on n'entre pas dans une dette publique. De plus les états et les villes des USA sont aussi endettés au-delà de leurs capacités de rembourser.

D'autre part, la notion de déficit des États comporte une large part de discours idéologiques. Mais nous sommes dans une économie capitaliste, où la théorie des masses monétaires joue un rôle important sur l'investissement et la création d'emploi, et tant que nous serons dans ce cadre, nous sommes bien forcés de nous plier à la loi divine des marchés et de sombrer avec elle dans l'incohérence présente.

Les Etats-Unis sont en faillite. Mais ils sont en faillite parce que l'idéologie là-bas veut que toutes les taxes sont mauvaises, et que le rôle de répartition de la richesse de l'État, c'est du socialisme et qu'il faut donc s'y opposer. Ne récoltant pas assez d'impots, les gouvernements américains ne sont plus en mesure de jouer les rôles qui ont créé l'empire, mais surtout ne sont plus en mesure de fournir les services nécessaires au fonctionnement de la société, comme les routes, les ponts, les écoles et l'armée. Donc, les seules politiques proposées sont des coupures de services.

Si le budget n'est pas voté avant le 4 mars, le gouvernement central ne peut plus faire de chèque : les fonctionnaires ne sont plus payés, les vieux ne reçoivent plus les pensions de retraite, l'armée ne peut plus payer ni les soldats ni les fournitures, tous les travaux publics arrêtent, etc... Le parti Républicain majoritaire au congrès, en profite pour voter des coupures sous trois axes majeurs :

Diminution massive du financement de l'école publique. ( comme à Détroit, on mettra 64 élèves dans des classes prévues pour 30) les enfants des riches vont dans les écoles privées.

Coupure du budget de l'agence pour l'environnement. Ceux qui veulent empêcher les entreprises de produire des gaz à effet de serre.

Diminution massive du budget de la santé. Pour empêcher le programme d'assurance-maladie d'Obama de fonctionner. Si les pauvres peuvent aller à l'hôpital, il n'y aura plus de place pour les riches.

Coupure du budget de l'agence pour le planning familial. Mesure déguisée pour bloquer l'accès à l'avortement.

Ça ne fait que 65 milliards sur 3500 milliards, même pas 2% du budget. On voit bien que l'objectif n'est pas de réduire le déficit, mais d'orienter la politique.

C'est dans le même contexte que je lis un petit texte que m'envoie le Dr. Caso : les propositions des Républicains pour retourner les femmes à la maison.

Les propositions idéologiques des Républicains vont plonger la première économie du monde dans une crise dont je ne peux voir la fin. Je devrais me réjouir, ils n'auront plus les moyens d'aller imposer par les armes leurs points de vue au reste du monde. Mais une crise reste une crise, et ce sont les pauvres qui trinqueront. Et dans ce cas, ce seront les pauvres du monde entier qui trinqueront, et ça ne me réjouit pas.

Des peuples se révoltent contre les dictateurs. La hausse du prix des aliments est certainement une raison importante de ces soulèvements. Mais est-il possible que l'affaiblissement de l'Empire qui les maintenait au pouvoir rendre possible ses révoltes?