La fin du printemps

C'est le merle qui me l'a dit

Ce matin, comme chaque matin, j'ouvre l'oreille avant d'ouvrir l’œil. Il n'est pas encore cinq heures, je n'entends pas les troglodytes mignons, ni les mésanges. Par contre le trio habituel du pouillot véloce, du bruant zizi et du merle appelle le levé du jour.

Non, il manque quelque chose... pas de merle. Il y a deux merles dans le jardin de ma blonde. Un à chaque bout, qui ont choisi le toit du garage et le grand sapin comme perchoir, et se dispute par le chant leur territoire respectif. Cette guerre surtout diplomatique qui se fait par coup de déclarations, d'ultimatums et de menaces, c'est assez rare qu'on en vienne au coup.

Ce matin, pas de merles... ce n'est plus le printemps, ils n'ont plus besoin d'affirmer leurs supériorité dès le petit matin. Ho, je les entendrai bien durant la journée, ils ont encore des choses à dire. Mais ça me réjouit de penser que l'été est là... ça vaut bien quelques minutes de paresse de plus.

Bientôt je descendrai, et mon café à la main j'irai dans le jardin voir le ciel rose d'aurore, et dire merci à mes petits messagers de chanter la beauté du Monde.

Il y a forte inégalité dans les capacités vocales de ces deux merles. Les deux ont un large vocabulaire comme tous les merles, mais celui du garage a développé de bonne capacité d'imitation. Il complète ses vocalises du chant des autres oiseaux du jardin. Il fait assez bien la mésange et certains pinsons, mais surtout il est capable de faire un semblant de miaulement. Quand Léon est dans son territoire, il lui arrive de le suivre du haut des branches et fait des miaulements qui s'ils ne sont pas du plus grand réalisme sont suffisants pour avertir que le monstre est là.

Je me suis demandé si c'était vraiment exceptionnel, un individu hors norme ( ou si j'ai entendu des trucs qui n'étaient pas vraiment là) et j'ai consulté un spécialiste des turdidés. Non, je n'ai pas eu la berlue, Il y a autour de 10% des merles qui sont capables d'imitations aussi complexes.