Des nouvelles du Nord

Ça chauffe sérieux là-haut

Je reprends mon habitude de vous donner des nouvelles des glaces au pole Nord. Je sais bien, vous vous demandez ce que cela change dans vos vies...justement le meilleur indicateur qu'il y a un bouleversement du climat nous vient de l'état des glaces. Et cette année, c'est un véritable désastre.

 

Non seulement la couverture de glace de la calotte glaciaire a été la plus petite depuis qu'on la mesure, mais le maximum glaciaire qui a lieu normalement vers la fin mars a eu lieu cette année le 20 février. On me dira que c'est une année à El Nino, et qu'il ne faut pas confondre météorologie et climatologie, et qu'il fallait si attendre. Peut-être, mais pas à ce point.

 

Oui l'effet El Nino est très important dans ces résultats, mais la disparition de la glace Arctique vient de ce la glace multi-décennale, la glace très épaisse, a tellement fondue ces dernières années ( de 2000 à 2015 nous avons eu 12 des années les plus chaudes jamais enregistrées) que la disparition de la glace polaire s'accélère. Si la tendance était entre un eu deux pour-cent par année avant 2010, elle est maintenant de l'ordre de 3%, en augmentation très rapide. Ça veut dire que dans moins de 20 ans, l'Arctique sera libre de glace durant l'été.

 

Ce que ça veut dire : si votre projet c'est un carré de vigne dans le bordelais ou le sud-ouest, oubliez cela totalement, les oranges seront plus appropriées… si vous aimez le champagne, pas plus de chance, la région produira un excellent rouge, le manque d'eau (avec des orages dévastateurs) rendra les cultures maraîchères industrielles pratiquement impossible. Votre potager sera par contre avantagé. Labourez vos gazons pour planter des légumes, arrachez le béton, c'est votre meilleur investissement. Quand aux parcs des villes, ils seront divisés en petits carrés pour les jardiniers du dimanche.

 

Et ceux qui vivent dans les grands ensembles immobiliers voudront aussi avoir accès à la terre… Il faut s'attendre à des migrations à l'intérieur des pays qui s'ajouteront aux migrations des réfugiés climatiques. L'actuelle crise des migrants (réelle ou effet du discours de droite?) ressemblera à ce merveilleux passé ou tout allait si bien.

 

On pleurera bien un peu sur la disparition des ours polaires, mais les exigences pressantes de nourrir de 8 à 9 milliards d'humains avec beaucoup moins de surfaces cultivables ne lasseront que peu de place à ces sentimentaux passéistes.