Les oiseaux de Tadoussac,

Tadoussac, vient de l’expression alghonkienne Tatouchak, qui veut dire : les beaux seins. Quand on arrive de la mer, les deux montagnes de chaque côté du fiord ressemblent à deux gigantesques ( et très belles) mamelles. Mais ce n’est pas pour cela qu’il faut y aller.

Évidemment, cela n’a rien à voir avec un club Med. Un village qui s’accroche à des roches pour ne pas être poussé à la mer par les vents. D’un coté le grand Saguenay y roule ses eaux énormes et sombres, de l’autre le golfe Saint-Laurent agité par les puissantes remontées du courant du Labrador, et pour le reste l’immensité de la forêt boréale, tout y est démesuré et on s’y sent bien petit.

C’est un point de rencontre pour les eaux, mais aussi pour les hommes. Pour des millénaires, il s’est tenu là un marché où le phoque et le caribou s’échangeaient contre le maïs, les pierres taillées. C’est là que le Nord rencontre le Sud. L’hiver, on va ailleurs dans la forêt pour éviter les vents et les grands froids. Les européens en arrivant ici ont participé aussi à ce marché bien avant de s’installer en permanence à Québec.

Pour un peu qu’on regarde la mer, on y voit des baleines en permanence. Normal c’est la tête du chenal laurentien et un des endroits les plus productifs du monde en plancton. D'ailleurs, ce sont les excursions aux baleines qui font vivre les gens du village.

Les oiseaux aussi s’y rassemblent. En migration depuis le Nord, ils suivent soit la cote du Saint-Laurent soit celle du Saguenay et se concentre là avant de prendre la route pour le sud. En octobre, il n’est pas rare d’y voir une centaine d’oiseaux de proie dans la même journée. C’est donc l’endroit idéal pour en faire le décompte, les baguer, les étudier.

Bien sûr tout cela nous en apprend beaucoup. Par exemple, l’Urubu à tête rouge qui ne se voyait pas au nord du 42ième parallèle il y a 15 ans se retrouve chaque année en plus grand nombre. Par contre, les buses et les faucons sont en nette diminution. Si quelqu’un doute des changements climatiques…

Il ne faut pas paniquer. À cause du mauvais temps cet automne, l’étude a été plus difficile que d’habitude, et si on comptait en moyenne 15 600 oiseaux de proie en octobre, cette année il n’y en a que 8 341. Il est possible que comme c’est une année à El Nino et que l’hiver sera moins pénible, plusieurs aient choisi de rester dans les forêts du Nord.

Tout cela n’a qu’un but, vous invitez à Tadoussac. Vous y sentirez la grandeur et la force de la Terre-mère. Vous y comprendrez la petite place de l’homme.