Le rôle de l’ours
lundi 5 février 2007, 19:12 General Lien permanent
J’ai plusieurs fois parlé des différences qui existent entre les ours. Entre un petit noir et un grand blanc, entre ursus horribilis (le grizzly) et un panda, il y a la distance entre un petit faon peureux, et un taureau qui charge. L’ours pourtant le plus fréquent dont je n’ai jamais parlé, c’est le nounours, l’ours en peluche que traînent presque tous les enfants d’occidents.
Ce qui m’en fait parler c’est la magnifique illustration de Cali. L’ours y est représenté dans une dimension rarement mentionnée. Oui, il sert de lieu de tendresse, oui, on lui répète les consignes du savoir-vivre, l’ours ne sait pas vivre en société. Il est aussi l’ami des pourquoi, non pas celui qui répond, mais celui qui accompagne dans le chemin du questionnement.
L’ours est le sauvage, il est de la forêt. Il sait qu’on ne repasse jamais au même endroit, le sentier se continue sans fin. Bien sûr, si on ne regarde pas, la route c’est toujours de la route, et ça ne ressemble qu’à de la route. Pourtant si l’ennui est évident, la vie se cache dans les détails et c’est par les détails qu’on voit que chaque pas nous entraîne dans un monde neuf. Le sentier, cela ne s’explique pas, ça se marche, c’est ce que l’ours connaît.
L’ours sait aussi l’importance d’apprendre à marcher. Parce qu’il n’y a qu’en avançant qu’on trouve quelque chose. Alors, il faut chercher. Oui, il y a maman qui gueule parce que cela ne va pas assez vite, mais à quoi cela peut bien servir d’aller vite si on ne voit rien? Oui, il est important de marcher parce qu’il faut apprendre à danser. Danser c’est se dire dans le monde, c’est s’accorder au monde.
Oui petite fille, je vais te suivre. Avec la ferme intention de découvrir avec toi, ce que dit la route. Merci de m'inviter à marcher avec toi. Je ferai si nécessaire le spectacle de ma force pour faire fuir ce qui t'empêcherait d'avancer. Mais tes pas sont tes pas, je T'accompagne, je ne te précède pas. Nous sommes « ensemble/seul » même si on veut nous faire croire qu'on est « seul/ensemble » on tente de nous isoler de nous faire croire que la communication n'est pas possible, alors que c'est la vie sans communication qui n'est pas possible. Nous sommes vivants donc communicants.
Il n’y a pas de réponses parce que la route est toujours neuve. Je ne peux pas savoir ce qu’il y a après. Tout ce que je peux apprendre c’est à être prêt. Et la seule façon d’être prêt c’est de voir le monde tel qu’il est, ni comme je voudrais qu’il soit, ni comme on voudrait me fait croire qu’il est.
Je suis l’Ours. Je suis le sauvage dans la vie de l’enfant. Celui qui veut faire voir la vérité de la tendresse, plutôt que de cacher la vérité par la tendresse.
Commentaires
Et si j'étais petite fille, je dirais que si je marche avec toi sur le chemin alors je ne risque plus rien. Tu me protèges par ta force et ton charisme. Je te protège par mes bavardages et mon sourire.
... ours dévoué... et inspiré!...
la même chose que dans tes yeux sur la photo . oui c'est ça ...
Moumouk, connais-tu Roald Dahl et Maurice Sendak? Tous deux ont merveilleusement saisi la part sauvage de l'enfance...Il n'y pas de mal a ca,on sait depuis toujours que l'homme est un animal, on a juste un peu tendance a l'oublier!
Le nom de famille le plus courant en France, c'est Martin. Comme Reinhart (Renard) est le goupil, Martin, c'est l'ours, l'homme sauvage, l'homme bourru, et cela bien avant Darwin!
Ca faisait partie des prenoms que je voulais donner a mon fils, Martin, l'ours. C'est un bon totem non?
A'toshka--) Malheureusement non, j'ai fait une courte recherche sur internet et cela semble passionant. Il va falloir que je m'y mette ( avec tout le reste aussi).
Bien sur Martin c'est bien mais Bernard vient de l'allemand Bern ( ours) et Hart comme en anglais... Très très bon totem
Bey --) merci
Rose--) dévoué oui, inspiré parfois mais très rarement
TTo2 --) c'est pour cela que les ours sont là.
Je suis allée vérifier chez l'ami Wiki mais il me semblait bien qu'une légende américaine existait autour du succès des ours en peluche.
En Amérique, il semblerait que des chasseurs accompagnant Roosevelt aient décidé de lui simplifier la tâche en attachant un ours blessé (certains parlentde bébé ours) à un arbre afin qu'il puisse le tuer aisément (que l'homme a des trouvailles sauvages). Le président aurait refusé et cette histoire fut largement répandue dans la presse et Théodore souvent caricaturé sous le dessin d'un ours baptisé Teddy Bear.
Ce furent deux émigrants russes qui crèèrent la peluche nommé Teddy à partir de cette image.
Voilà comment on a transformé un animal sauvage, que tu as si bien décrit dans son amour de la liberté sauvage et son lien avec l'homme, en gentil petit morceau de tissu à transporter.
PS : Petit Prince est allé au museum, il a eu peur de deux animaux : l'éléphant de l'entrée et l'ours... Trop grands !
Merci encore une fois pour ta description magnifique.
Oui tu es l'Ours. Mais il va falloir te multiplier un peu pour accompagner tous les enfants découvreurs du monde qui traînent par ici... ainsi que leur descendance !
Anne--) T'inquiète, l'ours est magique il va avec ceux qui veulent.
Dom--) Oui le Teddy existe, mais les gens des USA ( qui ne sont pas des américains pour moi) n'ont pas d'histoire alors ils ont beaucoup tendance à s'en inventer. Dans les catalogues des grands magasins il y a des nou-nours bien avant Roosevelt.
Ce que tu dis des Etats Uniens qui n'ont pas d'histoire est très juste. J'ai observé le même phénomène en Nouvelle Zélande. On ignore l'histoire des peuples autochtones et l'on s'en invente une à sa guise. Ceci dit j'aime beaucoup ta formule "Nous sommes vivants donc communiquants". Me permets-tu de l'employer dans d'autres circonstances ?
je vais lire ça à mon homme, ça devrait l'intéresser.
Très beau texte, comme tous tes textes.
(J'ai un ours en peluche, avec lequel je dors, depuis que je suis adulte.
Quand j'étais une petite fille, ma peluche était un lapin.)
Beau texte, très instructif. Je te suis sur le sentier, Gros-Ours !
BM