Comment les riches détruisent la planète
samedi 2 juin 2007, 16:14 General Lien permanent
Suite à mon petit billet d'hier, drenka en commentaire pose une question très intéressante : Pourquoi les riches? les riches ils ont les moyens d'avoir des options (acheter cher et bio, faire des travaux d'isolation...). On va tenter de mieux voir.
On tente de nous faire croire que le problème c'est le consommateur qui ne fait pas les bons choix. Mais qu'il ne faut pas remettre en cause la machine de production qui amène aux consommateurs la montagne d'inutilité et de futilité qui contribuera à axphysier la planète. On remet encore moins en cause la logique économique qui fonde la machine de production.
L'éditeur résume le bouquin: « Nous sommes à un moment de l'histoire qui pose un défi radicalement nouveau à l'espèce humaine : pour la première fois, son prodigieux dynamisme se heurte aux limites de la biosphère et met en danger son avenir. Vivre ce moment signifie que nous devons trouver collectivement les moyens d'orienter différemment cette énergie humaine et cette volonté de progrès. C'est un défi magnifique, mais redoutable. Or, une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes, mésusant du pouvoir, fait obstacle au changement de cap qui s'impose urgemment. Elle ne porte aucun projet, n'est animée d'aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir triomphé du soviétisme, l'idéologie néo-libérale ne sait plus que s'auto-célébrer. Presque toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme, qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse. »
Il est là pour moi le problème: dans l'exigence de la croissance. Avec la financiarisation de l'économie, les riches réclament un rendement sur l'argent qu'ils investissent. Pour que ce rendement se réalise il faut qu'il y ait de la croissance, et cette croissance ne se fera que par une accélération de la destruction de la planète.
C'est moins de dix pour cent de la population de la Terre qui consomme soixante dix pour cent de ce qui se consomme sur terre. Comme nous consommons beaucoup trop, nous avons le choix de priver les 3, 5 milliards d'individus de la terre, et comme ils n'ont déjà presque rien, cela les fera mourir, ou de priver les 300 millions les plus riches de leurs capacités de décider pour les autres.
Travailler plus pour gagner plus, c'est la plus sur façon de faire disparaître l'espèce humaine.
Commentaires
Tu as entièrement raison, Moukmouk, hélas. Et la majorité des gens votent pour des politicards à la noix qui parlent de "croissance", comme si c'était la panacée universelle aux maux de notre société. En fait, ce mot-là ne fait briller les yeux que de ceux qui détiennent les rênes de l'économie, et ceux des actionnaires, comme l'oncle Picsou qui rêvait des dollars...
Cela dit, les riches d'aujourd'hui seront remplacés par ceux de demain, ainsi va le monde.
Je crois fermement qu'une autre façon de vivre et de consommer est absolument nécessaire, je crois aussi que l'ultra libéralisme est condamné à plus ou moins brève échéance et que la mondialisation telle que nous la subissons ne fera plus long feu. C'est un peu l'histoire du serpent qui se mord la queue. Je ne sais pas combien de temps il faudra pour que les choses changent radicalement, mais ça arrivera. Peut-être ne le verrons-nous pas mais si l'humanité veut survivre, il faudra qu'elle s'adapte à de nouveaux modes de fonctionnement. Cela provoquera des crises et des heurts, mais il faudra bien que tout le monde se fasse à l'idée que continuer comme ça, c'est le plantage assuré. Quand les gens se sentiront vraiment menacés, ça va barder aux quatre coins de la planète. Malheureusement, et peut-être est-ce mon côté pessimiste qui parle, je ne crois pas que tous ces grands changements se fassent sans pleurs et grincements de dents. Un peu comme à l'échelle d'un individu, c'est toujours dans les moments de crise que nous progressons, mais bonjour l'angoisse...
Le mode de pensée individualiste qui s'est propagé dans les pays dits civilisés, la règle du chacun pour soi qui s'est instaurée, tout cela n'augure rien de bon pour la suite. Chacun essayera de sauver ses propres fesses alors qu'il est fondamental de penser "collectif" pour ces questions d'ordre planétaire...
PS : j'y crois pas, le code captcha me demande combien font "dix-huit fois zéro"... et bien il n'a pas accepté ma réponse !! :))
jo> le problème c'est que le mot croissance fait aussi briller les yeux de ce qui n'ont pas grand chose. ils espère que s'il y a croissance il auront une petite chance de gouter au gateau. sinon certaine personnes ne serait pas la ou elles sont aujourd'hui. et par ailleur tous ces pauvres immigrés clandestins ne viendraient pas taper à notre porte. même si j'admire le mode de vie de erika et son compagnon cf lemaquisvert.free.fr/word... peu sont ceux qui voudront vivre ainsi et pourtant avec a peine plus de confort ce n'est pas une planete mais beaucoup plus qu'il nous faudrait.... mais je suis d'accord avec toi il faut changer nos mode de vie radicalement et collectivement mais comment imposer cela à tous. je suis sceptique sur les méthodes à employer la démocratie risque d'en prendre un coup
Bey--) Je ne veux surtout pas critiquer le choix de ceux qui veulent vivre simplement en dehors des circuits de consommation, mais ça ne change rien au problème. La solution n'est pas individuelle, elle est dans la transformation de la façon de produire. Ça ça ne se fera pas simplement parce que j'aime regarder les petits oiseaux, il va falloir que j'en fasse un peu plus.
DDC--) le problème est exactement là, où est la solution?
Jo--) oui tu as bien raison.
Bey : la démocratie est un "luxe" que s'offrent les sociétés qui fonctionnent d'une manière plus ou moins équilibrée et évoluée. Je crois - mais je ne suis ni sociologue ni anthropologue - que les crises économiques graves engendrent souvent des régimes totalitaires, et des conflits. Or, dans ce cas totalement nouveau pour l'humanité, où son mode de fonctionnement la conduit irrémédiablement à sa perte, il y aura forcément un remaniement complet de l'économie, avec tout ce que cela suppose de soubresauts tragiques, parce que ce sera forcément brutal puisque personne ne bouge. Et c'est ce qui m'inquiète le plus, cette absence d'imagination des politiques qui laissent aller plutôt que de changer les choses en douceur, complètement muselés par le pouvoir économique. Donc, je me demande si l'on peut encore dire que nous sommes véritablement dans un système démocratique... oui pour les détails, mais franchement non pour le fond. C'est à dire que nous élisons nos représentants, mais comme ils sont impuissants face au vrai pouvoir, qui est celui du profit, tout étant imbriqué l'un dans l'autre, quelle valeur a encore notre "démocratie" ? Détricoter tout cela est impossible, car c'est toute une civilisation qui doit être remise en question, donc ça ne peut que tourner à eau de boudin. Mais bon, j'espère me tromper... oui, dites-moi que je me trompe et que je ne suis qu'une sotte parano.
jo> j'ai malheureusement peur que non.
Je suis sauvagement farouchement toutes dents dehors opposée à toute forme de racisme et de fanatisme.
Dans un sens ou dans l'autre.
Ca c'est du racisme anti-riche. Je continue de penser qu'on ne peut pas taxer tous les pauvres de paresseux, et tous les riches d'opresseurs. Et dire qu'on aime pas les riches, pour moi, c'est du même accabit que dire qu'on aime pas les noirs, qu'on aime pas les japonais, qu'on aime pas les juifs. En plus c'est complètement idiot, parce que c'est encourager la lutte des classes. Et se diviser c'est vraiment pas malin.
Je suis riche. Je n'ai plus de voiture parce qu'à Paris on en a pas besoin. Actuellement j'ai 1 paire de chaussures. Et ma consommation, elle est raisonnée. Je ne vais JAMAIS au supermarché. Je le paye cher, donc je consomme moins. Et ma préoccupation, c'est pas rentabiliser mes investissements. Ma préoccupation, c'est promouvoir une profession qui contribue à la sécurité maritime sans prise en compte des coûts. Mon hobby, c'est partir en Afrique, apporter le peu que je peux apporter, et revenir ici pour raconter l'animisme, l'extermination des noubas, le ventre rond des enfants.
"une classe dirigeante prédatrice et cupide, gaspillant ses prébendes", faut être vraiment un connard diplômé et manipulateur, pour dire ça.
Drenka, le titre du bouquin est maladroit dans sa provocation mais je pense qu'Hervé Kempf ne vise pas les gens comme nous en parlant de "riches" mais plutôt du niveau supérieur (grands patrons, actionnaires, lobbyistes, politiciens, etc.) car il parle de "classe dirigeante". Bien sûr, même ainsi cela reste une généralité.
Pour moi, une parfaite illustration de cela est le discours tenu par le président de Nestlé qui veut privatiser l'eau et estime que ce n'est pas un droit pour chaque être humain...
Après, il est certain que toutes les classes contribuent à la destruction de la planète : même parmi ceux qui ont un revenu très bas, beaucoup s'endettent pour pouvoir consommer des biens complètement inutiles à cause de la pression publicitaire qui leur fait voir là une promesse de bonheur et d'intégration sociale. Ils participent donc au système, mais n'ont pas énormément de prises pour le changer.
De la même façon, à tous les niveaux, pauvres et riches, il y a des gens qui essaient de sensibiliser les autres, de se regrouper pour avoir un peu de poids... c'est forcément un sujet fédérateur puisqu'il s'agit d'un point commun à tous, notre planète.
Quant à ceux qui ont des rentrées financières correctes, confortables ou plus encore, on a des options comme tu dis pour améliorer notre propre empreinte mais pas beaucoup plus. C'est mieux que rien, c'est même très nécessaire, mais ce n'est pas suffisant pour rectifier la situation globale.
Tandis que ceux qui ont vraiment le pouvoir (économique, politique ou autre) de changer une partie du système, ils ne le font pas, parce que l'état actuel des choses leur bénéficie (*). Pourquoi scieraient-ils la branche sur laquelle ils sont assis ? Par humanisme ? Faut pas déconner non plus...
(*) il y a d'autres raisons possibles, en tous cas je peux les imaginer