Le faucon de Lydie
lundi 9 juillet 2007, 19:34 General Lien permanent
C'est l'univers de Thalès de Millet et sa grande découverte: « Le jour succède à la nuit. ». Les nomades du Nord vague après vague font la conquête des terres de ceux qui ont appris l'agriculture des égyptiens. Les puissants Hittites, voulant vivre en nomade dans le Sud ont été dispersé, quelque soit la taille de la vague, elle mourra sur la plage, dans la plaine agricole. Si ce n'est pas trop pénible de suivre la pensée d'un ours coincé entre trop de traditions différentes.
On parle parfois de la richesse des villes greques d'Asie Mineure de l'époque: L'or du fleuve Pactole. Mais ce sont les techniques agricoles développées par Caystre et surtout du Méandre au contact des Crétois et des Grecs. Pactole était plutôt leur malheur attirant tous les brigands dans l'espoir de la richesse fabuleuse. Le savoir est la source de la richesse.
C'est aussi l'époque d'Assurbanipal, le fils d'Assur, fondateur de la bibliothèque de Ninive, le premier roi qui sait lire, le premier pour qui le savoir plus que l'armée fondera le royaume. Sa puissance est telle qu'elle domine tout ce qui se passe à cette époque. Un des ses vassaux : « Gugu roi de Luddu »
Encore un scribe imbécile: il s'agit sans doute de Gygès roi de Lydie, dont la capital est Sarde. Gygès le faucon porte bien son nom, habile en politique et négociation, il sait sentir le vent, protège les cités grecques pour les voir s'enrichir, mais tombe dessus comme la mort, quand elles n'obéissent pas. Il mourra d'avoir voulu contourner Assurbanipal en s'alliant un court temps aux égyptiens. Si on se sert du vent pour contourner la montagne, le contre-courant nous abattra.
Le jour succède la la nuit. La victoire des agriculteurs sur les nomades est certaine. Les formes de savoir sont si différentes. Et le sillon de la pensée se trace maintenant dans les tablettes d'argile comme le socle de la charrue dans le limon généreux du fleuve. Ce sillon qui marque le droit à la propriété, un « je » et un dieu.
Pourtant pour Lydie, la nuit succèdera au jour. Ses seize ans sont rayonnants. Elle est plus belle que Sarde, Éphèse et Magnésie du Méandre réunies. Ce sera sa nuit. Elle feint de ne pas voir le jeune faucon qui lui tourne autour, mais elle a déjà choisi. Il se croit faucon mais n'est qu'un papillon aveuglé de la lumière de Lydie.
Tant qu'il y aura de la vie, tant qu'il y aura Lydie, il sera possible de vaincre Thalès et les agriculteurs. La nuit pourra succéder au jour, la poésie reprendre ses droits. Le chant de la terre effacer le sillon, nier la propriété et redonner aux forces primitives, le droit de répondre aux questions que la nuit pose.
Je ne sais pas où est l'espoir, le jour? La nuit? Aurons-nous le temps d'apprendre, ou si le soleil implacable de ce jour empêchera toute nuit d'arriver? Je veux le retour de la nuit pour la belle Lydie, pour que la vie continue.
Commentaires
curieusement, en présence d'une crêpe de froment, imbibé de beurre salé et de confiture de groseille bio, je suis très contente qu'on ai inventé la culture du blé, l'élevage des vaches, et la selection des fruits.
J'avoue: dans ces moments (chomp, chomp, miam,miam) j'emmerde la poésie.
Exigeant un pré-requis, ce billet s’avère plus difficile que le précédent. On se demande où il veut nous mener ?
« Le savoir est la source de la richesse. » Tout dépend de quelle richesse il s’agit...
Assurbanipal, « le premier roi qui sait lire ». Par ricochet, une pensée vers Duplessis, qui se vantait de n’avoir pas lu trois livres en 50 ans. Il aurait trouvé le nom de l’autre trop long, l’aurait surnommé « Ti-Sur » et puis... euh, quel aurait été le suivi ?
Les « cités grecs », qui reviennent deux fois, c’est un test ?
Sgstini--) le billet cherche à confronter la réalité d'un monde où la finalité est la propriété privée avec un autre qui était l'acceptation de la globalité de la vie. Je ne suis pas sur que ce soit très évident. Quand aux cités s'est une phote que je vais corriger.
Anita--) Oui, je ne sais pas si un monde est supérieur à l'autre, probablement pas, ils sont différents c'est tout. Content que tu viennes me lire.
Pourquoi faut-il toujours qu'il y ai "victoire" de l'un au dépend de l'autre ? pourquoi les agriculteurs et les nomades ne pouvaient pas simplement vivre chacun à sa façon ? rien n'a changé... les hommes ont toujours leur "étranger" à supprimer.. La notion de "supériorité" est ridicule.. un jour, j'espère qu'on accpetera simplement la "différence" !
mais toi quand tu le dis, c'est si poétique......
Natilin--) les clotures... les nomades ne reconnaissent pas la propriété privée du sol et c'est indispensable aux agriculteurs. Et il n'y a pas assez d'espace pour des nomades et des agriculteurs. Avec une société uniquement de nomade la population de la terre ne pourrait pas dépasser le demi-milliards.
N'oublions pas que c'est l'utilisation des engrais azotés (les explosifs de la seconde guerre mondiale) qui a permis de faire passer la population de la terre de 2 à 7 milliards.
C'est très poétique et ça me pla^$it, mais, euh, j'ai honte, je ne comprends pas la fin. Quel rapport entre Lydie, les nomades et la nuit?
Antagonisme--) question bien complexe qui est plus en relation avec ma perception du Monde... Pour dire en quelques mots, l'habitus des agriculteurs n'est pas de transmettre la vie mais la propriété privée. Et je pense que c'est cela qui a réduit bon nombre de femmes au rang de propriété du mâle. Difficile de concevoir l'amour dans ce contexte.
Je trouve ça bizarre, mais je voudrais bien en savoir plus pour me faire une idée. Les hommes, selon moi, sont des hommes (hélas, mais bon, on les aime bien comme ça - quoique). Les nomades ne considèrent pas leurs femmes comme leur propriété? Je ne suis pas une grande spécialiste des nomades du sud, mais ça me surprend.