Le faucon de Lydie

C'est l'univers de Thalès de Millet et sa grande découverte: « Le jour succède à la nuit. ». Les nomades du Nord vague après vague font la conquête des terres de ceux qui ont appris l'agriculture des égyptiens. Les puissants Hittites, voulant vivre en nomade dans le Sud ont été dispersé, quelque soit la taille de la vague, elle mourra sur la plage, dans la plaine agricole. Si ce n'est pas trop pénible de suivre la pensée d'un ours coincé entre trop de traditions différentes.

On parle parfois de la richesse des villes greques d'Asie Mineure de l'époque: L'or du fleuve Pactole. Mais ce sont les techniques agricoles développées par Caystre et surtout du Méandre au contact des Crétois et des Grecs. Pactole était plutôt leur malheur attirant tous les brigands dans l'espoir de la richesse fabuleuse. Le savoir est la source de la richesse.

C'est aussi l'époque d'Assurbanipal, le fils d'Assur, fondateur de la bibliothèque de Ninive, le premier roi qui sait lire, le premier pour qui le savoir plus que l'armée fondera le royaume. Sa puissance est telle qu'elle domine tout ce qui se passe à cette époque. Un des ses vassaux : « Gugu roi de Luddu »

Encore un scribe imbécile: il s'agit sans doute de Gygès roi de Lydie, dont la capital est Sarde. Gygès le faucon porte bien son nom, habile en politique et négociation, il sait sentir le vent, protège les cités grecques pour les voir s'enrichir, mais tombe dessus comme la mort, quand elles n'obéissent pas. Il mourra d'avoir voulu contourner Assurbanipal en s'alliant un court temps aux égyptiens. Si on se sert du vent pour contourner la montagne, le contre-courant nous abattra.

Le jour succède la la nuit. La victoire des agriculteurs sur les nomades est certaine. Les formes de savoir sont si différentes. Et le sillon de la pensée se trace maintenant dans les tablettes d'argile comme le socle de la charrue dans le limon généreux du fleuve. Ce sillon qui marque le droit à la propriété, un « je » et un dieu.

Pourtant pour Lydie, la nuit succèdera au jour. Ses seize ans sont rayonnants. Elle est plus belle que Sarde, Éphèse et Magnésie du Méandre réunies. Ce sera sa nuit. Elle feint de ne pas voir le jeune faucon qui lui tourne autour, mais elle a déjà choisi. Il se croit faucon mais n'est qu'un papillon aveuglé de la lumière de Lydie.

Tant qu'il y aura de la vie, tant qu'il y aura Lydie, il sera possible de vaincre Thalès et les agriculteurs. La nuit pourra succéder au jour, la poésie reprendre ses droits. Le chant de la terre effacer le sillon, nier la propriété et redonner aux forces primitives, le droit de répondre aux questions que la nuit pose.

Je ne sais pas où est l'espoir, le jour? La nuit? Aurons-nous le temps d'apprendre, ou si le soleil implacable de ce jour empêchera toute nuit d'arriver? Je veux le retour de la nuit pour la belle Lydie, pour que la vie continue.