Nouvelles urbaines suite
jeudi 15 novembre 2007, 15:43 General Lien permanent
Il y a fort longtemps, au début de ce blog, j'ai expliqué comment, en ville, je vis dans un quartier au top de la branchitude et que c'est un grand avantage pour un ours, parce que si j'ai l'air de cela c'est que je m'habille à Milan moi, et que dans 5 ans vous aurez tous l'air des ours. Enfin je ne dis pas ça à tout le monde, parce que ceux qui sont vraiment mal habillés, magasinent pour vrai à Milan, eux.
Dans ce billet, je vous expliquais que depuis que le quartier avait été reconnu mondialement, la banque voisine était devenu un salon de beauté ultra-chic qui, d'après ce que je vois de la clientèle qui y entre, recycle les vieilles dames en jeunes de 30 ans. Je fouille régulièrement les poubelles pour trouver où ils mettent les années qu'ils arrachent comme ça au gens, mais rien. Je présume donc que pour eux les années sont liquides et coulent à l'égout quand on ne veut plus les voir. Alors que moi je traine lourdement le poids des ans, solidement accroché à ma carcasse.
Mon voisin de droite, un bureau d'avocat s'est transformé en bordel chinois. Les ours ne sont pas admis, je ne suis jamais entré. Je ne sais donc pas si c'est le même personnel, mais j'en doute, les avocats n'étaient pas chinois. Par contre, je me suis fait dire que c'était tout aussi cher qu'avant, mais que c'était beaucoup plus agréable. C'est donc un progrès.
Ou plutôt c'était un progrès. Les affaires du bordel chinois semblaient extrêmement florissantes. Le jeune monsieur qui contrôlait les entrées était à pied durant le premier mois, mais pouvait s'assoir dans une porche après une demi-année. Pour bien parler français, je ne sais pas s'il pratiquait le Hard Discount dans son start-up, ou si les spin-off ont atteint la cible, mais dès la deuxième année, le merging trend l'a forcé off-market.
Le nouveau propriétaire n'a pas compris que dans ce monde branché, la qualité du produit était prioritaire. Exit, les très petites dames qui allaient à la messe le dimanche matin, et qui aimaient beaucoup caresser Platon (qui ne s'en plaignait pas du tout). Je n'ai jamais vu les nouvelles occupantes des lieux, donc je m'abstiendrai d'en parler. Sauf que les opérations commerciales ont cessé, et que le local est à louer. Je dois donc conclure que la nouvelle direction n'était pas à la hauteur.
Mais après un tel standing, j'ai peur que les nouveaux occupants, dégradent la qualité de vie du quartier. Imaginez, si des dentistes ou pire encore des comptables louaient le local... fiou! La déchéance.
Commentaires
Un bordel chinois ? J'apprends l'existence de choses très exotiques, sur ton blog !
Je sais que ça existe, mais je n'ai jamais vu l'intérieur. Sans doute très exotique. Mais les ours ne sont pas admis.
très drôle
"Je présume donc que pour eux les années sont liquides et coulent à l'égout quand on ne veut plus les voir. Alors que moi je traine lourdement le poids des ans, solidement accroché à ma carcasse."
Quelle chance de reconnaître le poids des ans, plutôt que de le mettre à l'égout, non ?
(ca me fait penser à un bouquin de Bradbury, mais lequel ?)
Sur le billet d'aujourd'hui:
"Par contre, je me suis fait dire que c'était tout aussi cher qu'avant, mais que c'était beaucoup plus agréable."
C'est parce que tu ne m'as jamais eu comme avocate.
Sur le billet d'hier (je suis toujours en retard en ce moment)
AHA.
ABSOLUMENT pas d'accord sur un point: Quand tu dis (enfin, c'est ce que moi je lis), que les médecins se sont créé un langage propre afin d'exclure les autres de leur corporation.
Et même chose pour les avocats.
C'est la même chose que d'appeler une clé à molette clé à molette.
Les avocats parleront de droits réels, de préemption et de quote part d'usufruit parce que ce sont des mécanismes juridiques précis.
Les médecins parlerons d'histiocyte, de Chylomicron, ou de lécithine cholestérol acyl transférase, parce qu'ils correspondent à des molécules précises avec des propriétés précises.
Par ailleurs, il est évident que le langage a un rôle social de reconnaissance: je parle ton langage, ou la langue française mais avec les même tics que toi (le tic sms lol par exemple) parce que j'appartiens au même clan que toi. Je suis d'accord avec le fait que le langage, comme la culture, peut être utilisé par certains comme signe extérieur de ... richesse? Elite? Prétendue supériorité intellectuelle? Je lis Houellebecq, je suis tellement supérieur. Je suis allé voir cette exposition d'art conceptuel, je suis tellement plus cultivé. J'utilise des mots grandiloquents pour t'en mettre plein la vue. OK.
Même j'aime tellement les mots, que je supporte mal ceux qui ne s'y interressent pas, les estropient, les utilisent à mauvais escient, ou se contentent de peu. J'ai tendance à associer l'ouverture d'esprit par rapport aux mots à l'ouverture d'esprit en général. Et le manque de curiosité à l'égard des livres et des mots, au manque de curiosité en général. Tu me diras si je suis extrèmiste du mot.
Drenka--) oui et non, il faut écouter les avocats américains utiliser les expressions latines très fréquentes en droit, complêtement hors contexte et à contre-sens pour voir qu'il s'agit d'un code. Mais ce n'est pas ce que je cherche à dire dans le billet. Contre une langue qui sélectionne et infériorise, je cherche une langue démocratique qui élève le plus grand nombre. Ry me lis assez pour savoir que j'aime les mots, les jeux de mots et les formules particulières. Mais je tente de parler à tout le monde, et surtout de ne pas prétendre que je suis autrement qu'un humain, ou un ours.
Lise--) j'allègerais bien ma carcasse... les ans me pèsent... mais dans le fond ça reste un mensonge.
"Je présume donc que pour eux les années sont liquides"
heu, liquides... sonnantes et trébuchantes plutôt !
c'est pour ça que tu ne les trouves pas dans le caniveau, tu ne les cherches pas au bon endroit...
Hii, je t'assure que non. On ne fait pas exprès de parler avec des mots qui ne veulent rien dire et servent juste à vous embrouiller! Ne fait pas ton paranoïde! Quand tu vas en classe de droit, tu apprends le sens de chacune de ces expressions et à t'en servir. Et tu peux t'exprimer plus précisément. Ce sont des mots qui peuvent sembler barbares ou rigolo - le "cujus" par exemple qui se prononce "couillousse", le défunt dont la succession est en cause - ou Nemo auditur propriam turpitudinem allegans: ça veut dire que tu ne peux pas tirer avantage en droit d'une faute que tu as toi-même commise - rigole pas je m'en sers TUT LE TEMPS. Mais les employer est plus court, précis et explicite. Un mot pour chaque chose.
Pis bon les avocats américains, oui je sais ça semble le comble du evil mal du suppo de satan, mais quand même comme ils doivent convaincre un jury dans beaucoup de cas, à mon avis ils doivent savoir se faire comprendre par le petit peuple vulgaire qui juge.
Sans vouloir faire l'avocat des avocats du diable. Ou l'avocat du diable des avocats.
Oh non pas les comptables ! Qu'est-ce que vous avez avec les comptables, hein, les blogueurs en ce moment. Tu ne te doutes même pas de tous leurs talents (heu... oui cachés, mais bon)
Crois-moi, tu ne voudrais pas savoir comment ils font pour les rajeunir ces dames... J'ai travaillé un été dans un centre de beauté. J'ai vu des injections d'hormones rajeunissantes, j'ai vu le déroulement d'une lipo, j'ai vu une brûlure de la couche superficielle de la peau (la couche des rides)...
Il vaut mieux traîner lourdement le poids de tes ans, c'est plus naturel (et moins douloureux!)
Quant au remplacement du bordel chinois, tant qu'à faire, il vaut mieux des comptables, car avec un dentiste, tu ne ferais que croiser les mauvaises têtes des patients avec une rage de dents.
Sara--) Noooooon, au secours! pas des comptables...
TTo2--) Les comptables ne rêvent pas, c'est un crime contre l'humanité.
Drenka--) Audit alteras partem, il y a quand même des fondement à ma position.
Dodinette--) de toute évidence ces gens n'ont pas les priorités aux même endroits que moi. Mon ventre? qu'est-ce qu'il a mon ventre?
Mais si mais si, les comptables rêvent... de ne pas faire de comptabilité
(et j'en sais quelque chose hein!)
Ben voui Sara moi aussi