Ma chasse-galerie (suite et fin)
jeudi 8 janvier 2009, 20:12 Conte Lien permanent
Oui, c'est chouette à écrire, j'aurais pu continuer passablement longtemps. Mais quand même, il faut avoir terminer. J'esp`re que vous allez aimer.
Gloupss... j'avale ma salive péniblement. Comment a-t-il bien pu faire pour arriver jusqu'à notre cabane dans cette immense tempête. Le grand sauvage a beau ne pas avoir d'yeux, je ne me suis jamais senti autant regardé. Il faut répondre quelque chose :
--Non, non ce n'est pas moi qui a appelé, c'est lui! C'est ti-Jean... regarde! il a encore sa musique à bouche dans la main...
ti-Jean à l'air d'avoir aussi peur que moi, mais il réussit à dire:
–) oui c'est moi, peux-tu nous transporter au village? On est en train de mourir de faim à cause de cette maudite tempête, et puis ti-Paul est viré fou, il va nous tuer quand il va se réveiller il faut faire quelque chose pis vite!!! Peux-tu ? On va te payer ce que ça coute!
Le grand Sauvage recommence à nous regarder tous un après l'autre avec son visage sans yeux, Ernest essaye de dire quelque chose, mais ce n'est pas des mots qui sort de sa bouche juste un espèce de hoquet... Le grand Sauvage reprend :
–) Oui, je peux. Le prix: remplacer mon ami ours que vous avez tué!
Il tombe un silence de mort dans la cabane. C'est le cas de la dire, on est tous à peu près mort de peur, de faim et puis de froid. Il y a personne qui ose dire un mot. Moi, je me demande comment on peut bien faire pour remplacer un ours. Je le sais pas, mais si c'est la façon de partir d'icitte, je veux bien chercher le reste de mes jours comment remplacer un ours. Je suis surpris de m'entendre, mais c'est bien moi qui parle je dis :
–) Oui, je ne sais pas comment, mais je vais essayer.
Le grand Sauvage reprend :
-) D'accord, mais dépêchez-vous, il faut partir tout de suite.
Ernest prend les épaules de ti-Paul moi j'y prends les pieds. Maudit qu'il est pesant. On le sort dehors et pas loin à-coté de la porte, il y a un grand rabaska, un très beau rabaska d'écorces de bouleau, mais tout noir! Je suppose que c'est pour qu'il ne soit pas vu la nuit. Ti-Jean nous aide à passer ti-paul par dessus le bord et puis les deux autres plongent dans le canot en avant. Moi, j'emparque à l'arrière juste en avant du grand Sauvage.
Le grand Sauvage commence avec sa bouche une chanson à deux notes, la même que ti-Jean et tout à coup le rabaska se met à bouger... Il y a Ernest qui crie :
–) maudit baptème, ça grouille!!!
Le canot retombe à terre, et ti-Jean dit:
-)Toué, Tais-toué, c'est pas le temps de faire le smatte. Tu vas déranger le Sauvage.
Il y a plus personne qui bouge. Tout le monde regarde en avant et le vieux Sauvage reprend sa chanson à deux notes. C'est pas long que ça repart. Ça monte pas vite au début, mais dès qu'on dépasse la cime des arbres, voilà que le vent nous attrape et que le canot va de plus en plus vite.
Les autres ont l'air mort de peur et se cachent en regardant en avant, il ne veulent surtout pas voir le sauvage. Moi je me sens plutôt bien. En sécurité, je sais que le grand Sauvage est mon ami, qu'avec lui je n'ai pas besoin d'avoir peur.
A c'est pas long, qu'on voit le village sur le bord du fleuve. Le rabaska, se pose dans le milieu du champs derrière la maison à ti-Jean, je pense. Pas plus de 5 minutes de marche de la maison.
Ernest et ti-Jean attrapent le ti-Paul comme ils peuvent et sans un mot, sans un merci sans un bonjour, ils détalent aussi vite que possible.
Moi je débarque du bateau, je regarde le village, je regarde la forêt, et je décide de partir vers la forêt. Après tout la forêt, c'est la vraie maison d'un ours.
Commentaires
J'aime beaucoup, vraiment, et en particulier cette évolution lente de l'ambiance "intérieure" du narrateur, du désespoir à la confiance.
Chapeau bas, monsieur l'Ours !
(des bises aussi !)
Et c'est comme ça que tu es devenu un ours ?
C'est un beau mythe fondateur, dis donc !
Anne--) Oui, quand j'ai commencé à écrire, j'avais une autre fin qui était moche, et cette solution m'est venue sous les doigts en écrivant. Chouette le processus d'écriture où c'est le texte qui t'apporte des solutions. Ce dialogue, c'est ce qui me passionne dans le fait d'écrire.
Lise--) merci beaucoup, st'important les commentaires, j'en veux j'en veux.
t'en veux t'en veux en voilà ! J'aime le rabaska tout noir et les grands sapins, et la fin ! tu t'y es trouvé toi même, c'est une très belle fin. C'est le plus important, une belle fin.
c'est superbe, la chute inattendue et la langue d'ici...
cette nature plus forte que tout, ça me rappelle une des premières choses que j'ai lues sur le Québec, dan le Guide du Routard :
"Les Français aiment leur pays comme une chienne obéissante, qu'on peut soumettre et dresser selon son goût. Les Québécois, leur pays ils l'aiment comme une belle femme, celle qu'on sait indomptable, qu'on doit laisser libre sous peine de se faire engloutir."
bravo... encore !
Très jolie fin...Monsieur l'Ours et Dodinette, aussi très jolie façon d'Aimer son pays pour les Québécois. Je retiens et je note !!!
(sniff, je ne suis plus reconnue sur le blog... peut être que je ne poste pas assez souvent !!!)
Claude--) C'est un vaste mystère que cette question des adresses, je vais en reparler à l,ange qui s'occupe de la technique, parce que les ours, spafameux en ordinologie ( merci pour ton commentaire)
Dodinette--) merci, je suis surtout fier du nombre de lecteurs
Mère Castor--) merci oui c'est important une bonne fin.
Quel suspense dans ce conte! Le dépaysement, l'adrénaline , un bon esprit et tout et tout : Quel plaisir de te lire Moukmouk: tu es un conteur né!
Belle histoire monsieur l'ours
Aaaah ! Quelle belle histoire !
Après la baleine boiteuse, voici l'humain boiteux. Non, non, c'est pas péjoratif du tout, c'est un chaud compliment : en vérité cet humain était un ours
!!!!!!!!!!:-)......;-).....merci!
Très très jolie version Moukmouk. J'aime beaucoup