Copenhague-- Où regarder.
lundi 7 décembre 2009, 16:43 Ecolo Lien permanent
Au cours des 12 prochains jours, nous serons bombardés, de chiffres, d'informations, de rumeurs, et de critiques certaines brillantes d'autres stupides. Mais où regarder pour vraiment comprendre ce qui se passe ?
J'avais dit que je n'en parlerais plus. Mon pessimisme devenait non seulement chiant, mais teinte mes analyses. Et pour comprendre ce qui se passe, on n'a surtout pas besoin de rajouter à la confusion, il y en a déjà assez comme ça. Mais depuis le début de ce blogue, j'ai tenté de décrire les enjeux fondamentaux de ces conférences. J'espère faire œuvre utile en continuant pour celle-ci à préciser où se passera le débat, et comment déterminer si on avance ou pas.
L'état des lieux :
Durant la première semaine, ce seront les scientifiques qui viendront faire des rapports. On y apprendra que les analyses du GIEC sont d'un optimisme ridicule, que la situation est plus grave que prévue, l'augmentation des GES plus grave que prévue, et que les effets sur le climat sont plus importants que prévus. On apprendra aussi que l'objectif de Copenhague, même s'il on atteint un aussi ambitieux résultat, ne suffit pas pour stabiliser le climat. Il faut cependant réussir cette première étape, sinon ce ne sont pas que les humains, mais l'ensemble des mammifères qui seront rapidement menacés.
Le travail des groupes pour la protection de l'environnement a été plus efficace qu'eux-mêmes espéraient. La publication ce matin du même éditorial dans 56 grands quotidiens de 45 pays ne laisse aucun doute, la pression est très forte sur les dirigeants politiques. La tentative de décrédibilisation des données sur le climat par la publication de courriels échangés entre scientifiques n'a finalement décrédibilisé que ceux qui sont prêts à tous les crimes pour défendre la position des pétrolières.
Les déclarations des chefs d'état ont réussi à empêcher le jeu des « si les autres ne bougent pas je ne peux pas bouger » et « l'autre est aussi méchant que moi ». Les deux grands coupables, les USA et le Canada, sont vraiment isolés dans leurs positions et ne peuvent plus accuser la Chine et l'Inde de ne rien faire.
C'est maintenant clair qu'il n'y a pas de seconde chance. Si on échoue à Copenhague, les négociations vont trainer jusqu'à la fin du monde et ce n'est pas en 2012 mais très bientôt.
L'immense partie d'échecs peut commencer. Et malgré tous les écrans de fumée, ce n'est pas de climat qu'on discute à Copenhague, mais d'économie et de pouvoir politique. Le climat n'est qu'une contrainte de plus dans l'affrontement.
Le combat c'est finalement de forcer les USA à ne pas se contenter d'une politique juste suffisante pour dire qu'ils font quelque chose (-3 %) et de rejoindre l'Europe à -20 durant la prochaine décennie. Le Canada a déjà déclaré qu'il suivrait la politique des USA et les pressions intérieures ne suffiront pas à contrebalancer le pouvoir des pétrolières. Les diplomates canadiens feront tout pour faire échouer la conférence, mais ce pays a perdu presque toute influence dans le monde .
Sauf qu'Obama peut bien faire des beaux discours, c'est au Sénat américain que la décision se prendra, et particulièrement dans les Brown States, les états où le charbon est le moteur de l'économie. Ces sénateurs ont envoyé une lettre à Obama précisant les conditions de leurs appuis à une politique de réduction de GES. Dans cette lettre, un article est plus important que les autres : « the trade implications of climate policy must be addressed ». Ça veut dire que malgré les traités commerciaux, des taxes sur les importations des pays ne respectant pas les accords climatiques pourront être imposées. Si jamais cette mesure passe à Copenhague, oui, il restera un petit espoir pour l'humanité.
Commentaires
Bins des mails hackés du CRU, légèreté des méthodes du GIEC : un coup de froid sur Copenhague ?
C'est la question posée sur le portail suisse Pnyx.com
Après des années de montée en puissance des alertes aux accents apocalyptiques du GIEC quant au réchauffement climatique et à l'heure où s'ouvre un sommet exceptionnel, tant par sa taille (192 pays) -, que par ses enjeux (rien de moins que le modèle de gestion des activités humaines pour la survie de la planète) un grain de sable va t'il gripper cet immense évènement ?
Il y a deux semaines, des hackers ont publié des milliers de courriels et documents échangés entre des climatologues du Climat Research Unit (CRU) et leurs homologues du monde entier, dans le cadre de leurs travaux pour le GIEC. Ces données révèlent que ces climatologues estiment que leurs propres travaux ne sont pas concluants, discutent de la manière de dissimuler des désaccords entre eux afin de présenter une position "unifiée" du changement climatique, etc. Leur authenticité a été confirmée et Phil Jones, le directeur du CRU, a démissionné. Le Met Office (principal organisme de la science du changement climatique sur laquelle l'ONU repose son appréciation sur le réchauffement) a admis que la confiance du public, sur la réalité scientifique des causes anthropiques du réchauffement global, a été bouleversée par cette publication et prévoit de réexaminer les 160 ans de données sur la température. La nouvelle analyse des données prendra trois ans.
La question posée sur Pnyx: http://www.pnyx.com/fr_fr/sondage/4... porte sur l'éventuelle influence que vont avoir ces révélations sur les débats de Copenhague et, en relançant le débat, permet d’observer dans le détail les méthodologies déployées par les scientifiques du CRU, en donnant accès à l'ensemble des documents à l'origine de ce qu'il faut désormais appeler le "Climategate" ou la confusion des genres: science, idéologie ou politique ?
Orange--) sous le lien "décrédibilisation des donnes" je cite un éditorial de la revue Nature qui, je pense, fait autorité. Si la presse de d'extrème droite s'est déchainée aux USA, cela n'aura aucun impact à Copenhague, parce que personne n'osera mentionner une attaque aussi peu crédible.
La science nait du doute et du débat... as-tu lu le billet que j'ai fait là-dessus "Le ridicule qui nous tue"
J'ai regardé hier soir, sur Arte+7, un documentaire tourné par un américain émigré en Finlande, et qui a voulu vivre un an sans pétrole. Et sans dérivés de pétrole non plus: dur, aujourd'hui, de vivre sans plastique. Mais au total, sa famille de 4 personnes a réussi à diminuer sa production de CO2 par deux sur l'année.
(Si tu te dépêches, tu dois encore pouvoir le voir, ça s'appelle "Un an d'abstinence" - désolée, je suis incapble de mettre un lien!)
Bismarck--) je crois que le documentaire n'est pas disponible en Amérique (ou je ne sais pas comment faire). Sauf qu'il y a bien des calculs de la production de co2. Je ne sais pas comment calculer pour une famille, surtout que un des aspects importants dont on ne tient pas compte d'habitude, c'est le choix des aliments.
Pourquoi "un an" ? Ils sont revenus à leur ancienne vie après ?
J'essaierai de regarder le film demain, je pense avoir trouvé le lien :
http://www.tvtnt.eu/direct/Arte/un-...
Que dire, j'ai l'impression que ce n'est que quand des régions entières seront noyées ou affammees, que quand les EU auront ete notablement touchés (si ça arrive parce que avant il n'y aura plus de Bangladesh) que les americains du nord commenceront à se poser la question de bouger, bien sûr il sera trop tard pour des millions d'humains et pour la biodiversité...
Aller, je me lance dans la bataille avec toi, j'ai mis un article...
Il faut aller sur le site d'Arte, si le documentaire est passé il y a moins d'une semaine, tu devrais pouvoir le voir (ou bien ce site est réservé aux Européens?).
Oui, le coup (coût!) de la nourriture est évoqué aussi, le bon père de famille s'est rendu compte en fin d'année que ses estimations en la matière étaient erronées...
"Où regarder" ? Là : http://blog.ucciani-dessins.com/con...
DDC--) drole ce Ucciani,
Bismarck--) je ne sais pas si c'est bloqué mais internet rame sérieusement ce matin, je vais retenter plus tard.
Tili--) je vais lire ça tout de suite.