Copenhague-- Où regarder.

Au cours des 12 prochains jours, nous serons bombardés, de chiffres, d'informations, de rumeurs, et de critiques certaines brillantes d'autres stupides. Mais où regarder pour vraiment comprendre ce qui se passe ?

J'avais dit que je n'en parlerais plus. Mon pessimisme devenait non seulement chiant, mais teinte mes analyses. Et pour comprendre ce qui se passe, on n'a surtout pas besoin de rajouter à la confusion, il y en a déjà assez comme ça. Mais depuis le début de ce blogue, j'ai tenté de décrire les enjeux fondamentaux de ces conférences. J'espère faire œuvre utile en continuant pour celle-ci à préciser où se passera le débat, et comment déterminer si on avance ou pas.

L'état des lieux :

Durant la première semaine, ce seront les scientifiques qui viendront faire des rapports. On y apprendra que les analyses du GIEC sont d'un optimisme ridicule, que la situation est plus grave que prévue, l'augmentation des GES plus grave que prévue, et que les effets sur le climat sont plus importants que prévus. On apprendra aussi que l'objectif de Copenhague, même s'il on atteint un aussi ambitieux résultat, ne suffit pas pour stabiliser le climat. Il faut cependant réussir cette première étape, sinon ce ne sont pas que les humains, mais l'ensemble des mammifères qui seront rapidement menacés.

Le travail des groupes pour la protection de l'environnement a été plus efficace qu'eux-mêmes espéraient. La publication ce matin du même éditorial dans 56 grands quotidiens de 45 pays ne laisse aucun doute, la pression est très forte sur les dirigeants politiques. La tentative de décrédibilisation des données sur le climat par la publication de courriels échangés entre scientifiques n'a finalement décrédibilisé que ceux qui sont prêts à tous les crimes pour défendre la position des pétrolières.

Les déclarations des chefs d'état ont réussi à empêcher le jeu des « si les autres ne bougent pas je ne peux pas bouger » et « l'autre est aussi méchant que moi ». Les deux grands coupables, les USA et le Canada, sont vraiment isolés dans leurs positions et ne peuvent plus accuser la Chine et l'Inde de ne rien faire.

C'est maintenant clair qu'il n'y a pas de seconde chance. Si on échoue à Copenhague, les négociations vont trainer jusqu'à la fin du monde et ce n'est pas en 2012 mais très bientôt.

L'immense partie d'échecs peut commencer. Et malgré tous les écrans de fumée, ce n'est pas de climat qu'on discute à Copenhague, mais d'économie et de pouvoir politique. Le climat n'est qu'une contrainte de plus dans l'affrontement.

Le combat c'est finalement de forcer les USA à ne pas se contenter d'une politique juste suffisante pour dire qu'ils font quelque chose (-3 %) et de rejoindre l'Europe à -20 durant la prochaine décennie. Le Canada a déjà déclaré qu'il suivrait la politique des USA et les pressions intérieures ne suffiront pas à contrebalancer le pouvoir des pétrolières. Les diplomates canadiens feront tout pour faire échouer la conférence, mais ce pays a perdu presque toute influence dans le monde  .

Sauf qu'Obama peut bien faire des beaux discours, c'est au Sénat américain que la décision se prendra, et particulièrement dans les Brown States, les états où le charbon est le moteur de l'économie. Ces sénateurs ont envoyé une lettre à Obama  précisant les conditions de leurs appuis à une politique de réduction de GES. Dans cette lettre, un article est plus important que les autres : « the trade implications of climate policy must be addressed ». Ça veut dire que malgré les traités commerciaux, des taxes sur les importations des pays ne respectant pas les accords climatiques pourront être imposées. Si jamais cette mesure passe à Copenhague, oui, il restera un petit espoir pour l'humanité.