Vendez le dollar canadien !

Je mouche beaucoup ce matin, et j'ai la tête embrumée par le rhume. Je devrai retarder à demain ce que je voulais écrire sur le faucon. A la place un gros texte écrit il y a un mois sur ce qui se prépare à Copenhague pour l'économie canadienne. C'est le genre de machin que j'écris quand je ne fais pas de blogue. Vous comprendrez pourquoi je préfère parler des oiseaux.

Tous les journaux et les bulletins d'informations ont fait un grand tapage quand les délégués de plusieurs pays, dont le Canada, ont quitté la salle lors de présentation du président Ahmadinejad de l'Iran à l'ONU. Pourtant on a très peu parlé que le Canada a subi très précisément le même sort à une réunion de l'ONU à Bangkok, réunion préparatoire au sommet de Copenhague.

Il faut en être conscient, en matière d'environnement, le Canada se retrouve dans la même position que l'Iran, un état qui nie les faits de la science et de l'histoire, un état qui refuse de collaborer avec les autres nations. Cela fait déjà plusieurs réunions internationales où les déclarations du Canada sont huées et dénoncées, et maintenant notre pays s'est mis lui-même dans une position où il n'est plus considéré comme un interlocuteur valable dans les négociations.

Les déclarations de Marcel Coutu, président du Fonds Canadian Oil Sands demandant à toutes les provinces de réduire leurs émissions de Gaz à effet de serre pour que l'industrie du pétrole synthétique puisse se développer a peut-être provoqué des réactions plus ou moins amusées par les provinces canadiennes, mais à l'international cela a été perçu comme une façon d'annoncer la position du gouvernement conservateur canadien, reconnu grand défenseur des pétrolières et surtout du pétrole synthétique.

Personne ou presque n'en parle au Canada, mais la plupart des pays sont tout à fait conscients du très grand danger que le réchauffement climatique fait courir à notre petite Planète et sont bien décidés à trouver un accord à Copenhague qui permettra de non seulement réduire la croissance des émissions de gaz à effet de serre, mais de commencer à réduire le volume global d'émission.

L'intensité des palabres diplomatiques ne laisse aucun doute. Actuellement et comme il est habituel dans toutes les négociations, chacun tente de faire payer par les autres parties, le prix des dégâts, mais tous les pays sauf le Canada, sont déterminés à agir.

Les pays en voie de développement ne connaissent pratiquement pas d'augmentation de leurs productions de GES et il serait absurde de leur demander de faire un effort considérable. Par exemple, on ne peut demander au Congo avec 30 kilos d'équivalent co2 par habitant par année de faire un effort comparable à celui du Canada avec plus de 20000 kilos par habitant, par an.

L'Europe annonce des efforts considérables dans toutes les directions. L'utilisation massive nucléaire, du solaire et de l'éolien, la réduction du trafic automobile dans les villes, il y a une réelle volonté d'utiliser moins de pétrole dans tous les secteurs de l'économie. Il reste l'agriculture, mais comme partout, personne ne veut vraiment poser la question de l'agriculture comme source de pollution. Personne n'insiste sur la relation qu'il existe entre le coût de l'énergie et le volume de production des céréales, parce que personne ne veut se faire accuser d'affamer le tiers-monde.

Le Bric aussi arrive à Copenhague avec des politiques et des avancées audacieuses même si leurs taux de croissance nous laissent douter de la possibilité de diminuer leurs émissions totales. Le Brésil envoie l'armée pour protéger l'Amazone, la Russie prétend améliorer l'efficacité de son secteur pétrolier, l'Inde modernise rapidement ses transports en commun et malgré une croissance de 16% par année de ses émissions sont encore en dessous des 1000 kilos par habitant. Finalement, la Chine s'est vraiment lancée dans des programmes de plantation d'arbres et de dépollution de très grandes envergures. Pour la Chine, ce ne sont pas seulement des politiques de façade comme on pourrait prétendre pour les autres pays du groupe, mais vraiment une question de survie. La Chine (4000 kilos par habitants) ne peut plus avoir de réelle croissance si la pollution augmente, ils ont dépassé de loin, la limite du soutenable. Bien sûr, on en parle pas au Canada tant il est important de dire qu'il y a d'autres méchants aussi.

Grâce à l'exportation d'une partie de son secteur industriel et au vieillissement accéléré de sa population, le Japon réussira à diminuer ses émissions dans un avenir très proche. L'Australie avec ses 17000 kilos par habitant est certainement un mauvais élève, mais depuis trois ans, il y a de réels efforts, pour au moins donner l'impression qu'on veut faire quelque chose. Les feux de forêt n'arrangent rien, mais au moins la population australienne a pris conscience que les changements climatiques transforment rapidement leurs pays en désert.

Il reste les deux plus grands pollueurs, ceux dont il faut dénoncer l'inaction, les assassins de la planète, les États-Unis et le Canada.

Les États-Unis ont longtemps été le grand malfaiteur, le monstre qu'il fallait dénoncer, et voilà que le nouveau président donne des signes de bonnes volontés, qu'il investit massivement dans les énergies alternatives, et que de toute façon c'est bien dangereux de freiner la reprise du pays qui consomme l'essentiel de la production mondiale, les usines de partout en souffriraient.

Il faudra bien trouver un méchant, un monstre à punir pour bien montrer que les pays sont décidés à s'attaquer aux problèmes. Le Canada est tout désigné.

Rappelons-nous les Jeux Olympiques de Séoul, où le dopage surtout dans la course du 100 mètres était à ce point monstrueux que tous les athlètes sur la ligne de départ risquaient leur vie. Il fallait faire un exemple, et comme il ne fait pas bon de s'attaquer aux principaux commanditaires, ce fut le canadien Ben Johnson qui a payé.

De la même façon, à cause du refus du gouvernement canadien de même faire semblant de vouloir diminuer ses émissions de Gaz à effet de serre, il sera désigné pour servir d'exemple. L'ensemble des pays s'acharneront à démontrer que les méchants peuvent être punis. Et les Canadiens le seront sévèrement.

Tout indique que les bourses des droits d'émission ne suffiront pas pour atteindre les nouveaux objectifs à Copenhague et que se rajouteront des pénalités sous forme de taxes à l'importation des produits des pays qui ne démontrent pas une volonté de changer leurs politiques économiques. Entendons-nous bien, ces pénalités ne sont pas que des exercices vertueux, mais une nouvelle façon d'appliquer des mesures protectionnistes surtout à l'encontre la Chine et l'Inde. Mais de toute façon, cela frappera de plein fouet l'économie très exportatrice du Canada.

On pourrait se livrer à de savants calculs d'impact sur le PNB du Canada, mais il est encore trop tôt pour connaître l'ampleur des dégâts, parce que ce ne sont pas de réelles mesures visant à faire diminuer la production de Gaz à effet de serre au Canada mais plutôt de montrer que les méchants sont punis, et que les autres pays devront faire attention sinon ils seront punis comme le fut le Canada. Comme Ben Johnson le drogué, alors que tous les autres coureurs l'étaient aussi.

Cependant, il me semble probable que dans leurs volontés de se montrer des défenseurs de l'environnement, les autres pays imposeront une réduction d'au moins 7 % du PNB du Canada soit l'équivalent de ce qu'on peut estimer de la valeur globale de la production des sables bitumeux. La baisse subséquente de la valeur du dollar canadien ne permettra pas une augmentation de nos exportations puisqu'elles seront taxées au titre de produits de la pollution.

Au moment où le gouvernement des USA a comme politique claire et souvent répétée de laisser tomber le dollar, il faut trouver rapidement une stratégie pour protéger nos épargnes. Même s'il montera encore, l'or demeure un marché d'expert parce que très fluctuant. L'euro représente un placement surement plus stable, où le risque de perte est moins grand mais où la reprise européenne très lente ne nous promets pas des rendements capables de rencontrer l'inévitable poussée d'inflation consécutive à tout l'argent que les pays développés ont imprimé pour sauver leurs banques.

De toute façon, il y a une évidence, la politique à courte vue du gouvernement canadien, nous force à vendre cette monnaie canadienne qui sera frappée de l'opprobre des pays qui veulent se montrer verts et vertueux.