De la Joie

Pour cette année je vous souhaite la Joie et voici pourquoi...

La très chère Parisienne me rappelle avec raison que le concept de bonheur n'existe pas en Asie. Là-bas, on se souhaite « la vitalité », l'énergie de faire, de construire.

Socrate rejoint tout à fait la pensée amérindienne sur le sujet. Pour lui le bonheur est l'acceptation sereine des devoirs de la Cité. Pour l'amérindien, c'est d'être en équilibre dans son groupe. Pour les deux, cela implique de se libérer du poids des biens matériels. Toute possession, marque une différence et une exclusion du groupe et limite la possibilité d'équilibre.

L'idée du bonheur est intimement liée à la Modernité. Je pense donc je suis et j'aspire au bonheur. Cette aspiration, base de la constitution des États-Unis, implique la notion d'espoir, de cette recherche difficilement réalisable d'un état où tout serait parfait. L'accomplissement de cette recherche passe par la construction d'un lieu à soi, isolé par des murs ou des clôtures, où enfin on s'éloigne de l'enfer, puisque l'enfer ce sont les autres. Dans ce lieu à soi, il est possible enfin de se réaliser, d'atteindre pour soi la sagesse et l'équilibre à l'abri de la folie du Monde.

L'échec de ce rêve entraine la Post-modernité qui propose la consommation effrénée, le toujours plus, immédiatement et avidement, parce qu'elle est basée sur le même désir que la pornographie: l'image du plaisir sans son sens, et l'impossibilité de se satisfaire de cette promesse que garantissent les objets insignifiants. Par exemple, chez le marchand d'automobiles, on achète un statut social et on se retrouve avec un moyen de transport.

Je vous souhaite donc la Joie, qui est l'émerveillement devant la Beauté du Monde.