Notre virée en Gaspésie

L’automne 2021, j’ai loué à Montréal une minuscule voiture : une Chevrolet Spark rouge vif. J’étais au volant, Moukmouk s’asseyait dans le siège passager après l’avoir reculé au maximum, ma grosse valise occupait tout le siège arrière et il y avait juste assez de place dans le coffre pour le sac de Moukmouk. Mais nous sommes tout de même allés jusqu’à Gaspé.

 

Gaspé se situe à l’est du Québec au bout de la péninsule gaspésienne et signifie la fin des terres en langue micmaque (ensemble des tribus habitant au bord de la mer). C’est l’équivalent de notre Finistère, du latin Finis Terrae mais en beaucoup plus loin car les distances, là-bas sont énormes comparées à celles de la France. Cette distance (plus de 1100 km aller-retour de Pohénégamook qui se situe déjà à 450 km de Montréal) Moukmouk l’avait effectuée en vélo dans sa jeunesse avec sa première femme. Nous avons sagement préféré ma petite voiture de location.

 

Conduire au Québec est très facile et peu fatigant : les routes sont droites, larges, le trafic assez faible et les automobilistes sont en général comme dans la vie de tous les jours, détendus et courtois. Pas d’excités qui cherchent par tous les moyens à gagner quelques minutes quitte à mettre en danger, eux et les autres. Je sais de quoi je parle : j’habite à Marseille.

 

Nous avons tout de même connu quelques péripéties durant notre périple.

 

D’abord, la pluie qui nous a accompagnés durant toute la première journée de notre voyage. Pas de quoi nous arrêter bien sûr cependant nous avons roulé pendant plus de 100 km sur la route qui longe la rive sud de l’estuaire du Saint-Laurent en passant au pied de falaises abruptes, avec à gauche, le panneau « danger, vagues submersives » et à droite, celui de « danger, éboulement ».

 

La première nuit, nous avons loué un bungalow dans un camping en bord de mer qui sentait nettement la fin de saison. Heureusement, la pluie a cessé en fin d’après-midi car il fallait prendre un sentier au milieu des bois pour se rendre aux sanitaires. Mais le feu de bois dans la salle commune et la vue sur la mer depuis la falaise valaient bien quelques désagréments.

 

 

Autre problème : nous étions en période post Covid et beaucoup de restaurants n’étaient pas encore ouverts ou ne proposaient que des repas à emporter car la « salle à manger » était fermée. Le temps étant beaucoup trop frais pour pique-niquer à l’extérieur et notre voiture beaucoup trop exigüe pour pique-niquer à l’intérieur, nous avons parfois dû rouler pendant des kilomètres avant de trouver enfin un endroit pour déjeuner.

 

A Percé, où nous nous sommes arrêtés pour admirer le fameux Rocher Percé, tous les restaurants étaient fermés. Ironie du sort : le seul commerce ouvert vendait des souvenirs made in China pour les touristes !

 

 

Après avoir visité le magnifique parc national du Forillon avec ses falaises, ses cascades et ses rivières, nous avons passé la nuit à Carleton, petite ville au sud de la péninsule gaspésienne.

 

 

Carleton est proche de la frontière d’un autre état canadien, le Nouveau-Brunswick. Nous avons envisagé de le traverser pour rejoindre plus rapidement Pohénégamook. Malheureusement, toujours à cause de la période post Covid, il fallait demander en ligne la permission de pénétrer dans ce territoire et la réponse n’était donné que quelques jours plus tard. Nous y avons donc sagement renoncé, la police nord-américaine n’étant pas reconnue pour sa tolérance…

 

Et justement à cause de la proximité avec l’état du Nouveau-Brunswick, mon téléphone a changé d’heure sans que je m’en aperçoive alors que je me promenais au coucher du soleil, le long du port pendant que Moukmouk se reposait à l’hôtel. Si bien que le lendemain, je l’ai réveillé une heure plus tôt. Naturellement, la salle à manger de l’hôtel était fermée mais nous sommes partis quand même et c’est ainsi que j’ai eu l’occasion de prendre un petit déjeuner mémorable.

 

Nous nous sommes arrêtés le long de la route qui traverse la Gaspésie du sud au nord. Nous avons trouvé l’un de ces « diners » nord-américains avec ses petites tables entourées de hautes banquettes, sa serveuse qui ressert du café à volonté, ses pancakes au sirop d’érable et ses œufs brouillés avec du bacon. Par la fenêtre, nous pouvions voir la route, la rivière et la forêt mais aussi le parking où étaient garés de gros pickup. Les conducteurs de ces engins étaient installés non loin de nous, reconnaissables à leurs chemises à carreau, la casquette vissée sur la tête et les rangers aux pieds. Il ne manquait plus que de la musique country en fond sonore pour se croire dans un road movie américain !

 

 

La route de retour nous a réservés d’autres heureuses surprises. Après avoir traversé un pont couvert digne du film « Sur la route de Madison », nous avons rencontré un charmant vieux monsieur qui vendait de jolis tableaux naïfs peints par sa femme décédée quelques années auparavant. Un peu plus tard, nous nous sommes arrêtés au bord du Saint-Laurent pour admirer l’envol d’un groupe d’oies sauvages qui migraient vers le Sud. Quant à nous, nous avons terminé notre virée à Pohénégamook dans la petite maison au bord du lac de Moukmouk.

   

 

 

 

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