Le mot: orignal

Une petite réflexion étymologique sur l'élan d'Amérique (Alces Américana) cette énorme cervidé qui aime bien la forêt mixte, et qui était après l'ours, considéré comme le met le plus fin que les malécites pouvaient cuisiner.

J'ai déjà parlé de madame Marguerite qui passe sur son petit lac dans la montagne, une vie méditative et ruminante que presque rien ne vient troubler. Elle regarde le monde de son oeil placide et souvent indifférent sans se laisser troubler dans sa réflexion digestive. Enfin ça dépend des moments, parce quand l'orignal à un jeune à sa garde, il défend farouchement un territoire en chargeant tout ce qui pourrait représenter le moindre danger. Et un orignal qui charge c'est dangereux, non seulement pour celui qui est chargé mais aussi pour la masse de 6 à 800 kilos qui est mis en mouvement étonnamment rapide et que seul un arbre ou un intrus peut arrêter.

Le mot orignal est aussi toute une aventure. En Malécite (comme dans la plupart des dialectes alghonkiens) c'est «Musol» dont le museau était considéré comme le met par excellence, la pièce de choix qu'on donnait à un invité d'honneur, et dont les anglophones ont tiré logiquement l'appellation: «Moose.»

Nous savions que les Basques chassaient le phoque et la baleine dans le golfe Saint-Laurent durant tout le 15ième siècle, il y a plusieurs manifestes qui le démontre dans les ports du pays Basque. Il est tout à fait logique qu'ils aient eu des contacts avec les malécites qui voyageaient et chassaient le phoque dans la même zone. On comprend aussi que des marins qui viennent de se farcir une traverser de 30 à 50 jours, désirent manger des aliments frais et de la viande. Les malécites étaient des commerçants et ont surement tiré avantage de cette demande et échangeant de la viande contre des objets de fer. D'ailleurs dans le coin de Cacouna et Trois-Pistoles, il y a des fours et des installations d'origine basque.

Or en basque, le cerf se dit : orein au singulier et oregnac au pluriel. Quand les malécites ont rencontré un peu plus tard des Français, ils étaient sans doute tout fier de démontrer qu'ils savaient quelques mots de la langue des barbus de l'Est.

On se doute bien que les Basques n.ont pas laissé ici que des haches et des mots. Quand on connait la rigueur des moeurs à cet époque de guerres de religions en Europe et au quasi-esclavage auquel était soumis le petit peuple par les nobles beaucoup de Basques ont choisi de s'ensauvager ici.

C'est peut-être pourquoi les malécites sont plus barbus que les autres alghonkiens.