Le mot: orignal
mardi 2 octobre 2007, 00:42 General Lien permanent
Une petite réflexion étymologique sur l'élan d'Amérique (Alces Américana) cette énorme cervidé qui aime bien la forêt mixte, et qui était après l'ours, considéré comme le met le plus fin que les malécites pouvaient cuisiner.
J'ai déjà parlé de madame Marguerite qui passe sur son petit lac dans la montagne, une vie méditative et ruminante que presque rien ne vient troubler. Elle regarde le monde de son oeil placide et souvent indifférent sans se laisser troubler dans sa réflexion digestive. Enfin ça dépend des moments, parce quand l'orignal à un jeune à sa garde, il défend farouchement un territoire en chargeant tout ce qui pourrait représenter le moindre danger. Et un orignal qui charge c'est dangereux, non seulement pour celui qui est chargé mais aussi pour la masse de 6 à 800 kilos qui est mis en mouvement étonnamment rapide et que seul un arbre ou un intrus peut arrêter.
Le mot orignal est aussi toute une aventure. En Malécite (comme dans la plupart des dialectes alghonkiens) c'est «Musol» dont le museau était considéré comme le met par excellence, la pièce de choix qu'on donnait à un invité d'honneur, et dont les anglophones ont tiré logiquement l'appellation: «Moose.»
Nous savions que les Basques chassaient le phoque et la baleine dans le golfe Saint-Laurent durant tout le 15ième siècle, il y a plusieurs manifestes qui le démontre dans les ports du pays Basque. Il est tout à fait logique qu'ils aient eu des contacts avec les malécites qui voyageaient et chassaient le phoque dans la même zone. On comprend aussi que des marins qui viennent de se farcir une traverser de 30 à 50 jours, désirent manger des aliments frais et de la viande. Les malécites étaient des commerçants et ont surement tiré avantage de cette demande et échangeant de la viande contre des objets de fer. D'ailleurs dans le coin de Cacouna et Trois-Pistoles, il y a des fours et des installations d'origine basque.
Or en basque, le cerf se dit : orein au singulier et oregnac au pluriel. Quand les malécites ont rencontré un peu plus tard des Français, ils étaient sans doute tout fier de démontrer qu'ils savaient quelques mots de la langue des barbus de l'Est.
On se doute bien que les Basques n.ont pas laissé ici que des haches et des mots. Quand on connait la rigueur des moeurs à cet époque de guerres de religions en Europe et au quasi-esclavage auquel était soumis le petit peuple par les nobles beaucoup de Basques ont choisi de s'ensauvager ici.
C'est peut-être pourquoi les malécites sont plus barbus que les autres alghonkiens.
Commentaires
Passionnant, j'adore ces histoires, je sais ce que je vais raconter à ma premire pause-café, tiens !
Aaah ça fait du bien d'avoir un éclairage comme celui la
Très instructif cette explication étymologique. Merci de nous apprendre tant.
"oregnac au pluriel"
-> Plus exactement oreinak, qui se pronoce effectivement oreñak dans la plupart des dialectes.
"Quand on connait la rigueur des moeurs à cet époque de guerres de religions en Europe et au quasi-esclavage auquel était soumis le petit peuple par les nobles beaucoup de Basques ont choisi de s'ensauvager ici"
-> Ici la noblesse était pas si gênante que ça, il y avait des régimes d'impôts particuliers moins contraignant que dans d'autres endroits.
Ce qui a aussi et surtout poussé pas mal de basques du Lapurdi et des vallés du Bortziri et du Baztan (Nord de la Navarre) à aller par là-bas, outre le lucratif commerce de l'huile de baleine, c'est d'une part qu'ils avaient un peu exterminé toutes les baleines franches du Golfe de Gascogne, et d'autre part que par ici à cette époque, entre les famines et les épidémies il faisait moins bon vivre que maintenant (sans parler des centaines de femmes brûlées sur ordre de l'évêque Pierre de Lancre, et du climat de suspiscion générale qui régnait). Ces exils se sont arrêtés vers le XVIIème siècle, le XVIIème et le XVIIIème siècle étant des mini-âges d'or où on avait pléthore à bouffer grâce au développement de la culture du maïs (qui a remplacé le millet, meilleur nutritionnellement mais vulnérable aux piafs) et où on construisait des maisons énormes dont certaines sont encore debout.
À la fin du XVIIIème, retour du bordel avec la Terreur de Robespierre, les déportations etc.
Koldo--) Bienvenu ici, et merci des précisions. je ne suis pas sûr que vers 1510 il y avait des graphies des mots très fixées. Ils ont aussi passablement massacré les baleines dans le Saint-Laurent... Et oui les femmes malécites beaucoup plus accueillantes et nombreuses devaient un fort incitatif à rester ici, mais aussi la liberté, il y avait tellement moins de contraintes sociales... Ce que tu dis du maïs m'intéresse beaucoup, est-ce que les Basques ont ramené le maïs eux-même? Ce serait logique parce que les malécites faisaient le commerce du maïs des Passamaquoddys. Il y a là une passionnantes piste de recherche.
Monsieurplus--) l'idée pour moi est un peu de démontrer que les manuels d'histoire raconte vraiment n'importe quoi.
GrandK+ Mirza--) Merci, je vais en raconter d'autres...
Concernant le maïs j'ai entendu plusieurs versions, selon certains c'est Colomb qui en a ramené et commencé à en faire cultiver dans la basse vallée du Guadalquivir (qui devait alors avoir une autre allure que maintenant), d'après d'autres la première culture de maïs en Europe a eu lieu à Ezpeleta (aujourd'hui plus connu pour son piment) je ne me souviens plus en quelle année, au XVIème. Auquel cas ça ne serait pas passé par Colomb, et ça collerait avec ce maïs des Passamaquodys. Il était de quelle couleur leur maïs?
Mais les deux voies sont peut-être vraies...
Koldo--) il était généralement multi-couleur mais surtout rouge bleu et noir, le jaune et le blanc me semble plus être le maïs des Nahuatl.
J'aime beaucoup cette Histoire là, telle que tu la racontes. C'est raconté d'une manière nettement plus captivante que dans les livres.
Le maïs, comme d'autres choses, est possiblement arrivé par plusieurs voies, à peu d'années d'intervalle.
Moukmouk, j'ai bien eu ton mail, j'y réponds dès que j'ai un instant, c'est à dire bientot!
J'adore tes histoires (tu vas finir par le savoir), tu me transportes dans d'autres temps (et lieux), comme quand j'étais petite. Merci, merci, et bisous!
J'ai croisé un cerf ce matin. Il était magnifique. C'est marrant comment plus rien ne compte quand on contemple une bête pareille.
TTo2--) oui c'est qu'on sent bien devant un tel animal, que le lien qui nous unit avec toute la vie est la source de la joie. C'est en renforçant ce lien qu'on trouve la paix.
Raph--) je sais que la vie est bien folle pour toi en ce moment, si je peux un petit peu je suis bien content. et répète souvent que tu aimes mes histoires, ça me fait tellement plaisir.
Sara--) très probablement le maïs et les tomates sont arrivées par plusieurs voies, et merci pour l'appréciation.
merci à tout les deux pour cette page d'histoire . est ce que cela a quelque chose à voir avec le fait que le Basque n'est pas une langue latine selon vous?
Bey--) non pas du tout, les basques étaient simplement là avant que les romains arrivent, et probablement avant que les gaulois arrivent, avant que... Bien caché dans leurs montagne, ils ont survécu à toutes les invasions.
Ce qu'il y a de franchement étonnant c'est qu'ils aient réussi à survivre malgré tout...
question : le fondateur de Monsanto serait-il basque ??
hahaha
Beaucoup de choses se nomment Basque dans le Bas-du-Fluev et Mitis qui veut dire métis, indiens et Basques ?, n'est pas un lieu habité par les Malécites de jadis.