Encore la question des livres.

Oui, j'en parle très souvent. Mais je demeure persuadé que la disparition des livres n'est pas une question de choix ou de goûts, mais la suite logique de la démocratisation de la culture.

Je dois des excuses à Poutine, parce que j'ai dit que la librairie de son amoureuse n'avait probablement pas le livre de Dickner. J'avais tort, je m'excuse à genoux et très sincèrement. C'est vrai qu'il reste à Paris de bonnes petites librairies et que le marché du livre n'est peut-être pas comdamné ici à être totalement dominé par des commerces géants qui n'ont d'intérêt que pour les méga-vendeurs et les méga-profits. Mais cela ne change rien, absolument rien à l'inévitable disparition du support papier pour la distribution de la pensée.

Pour mémoire,j'en parle entre autre ici. Aujourd'hui, je vais tenter de démontrer comment la disparition du livre est nécessaire à la démocratisation de la culture. Quelques échelons démontreront clairement je pense l'évolution de l'accès à la connaissance. Il y a 10 000 ans, il y avait moins de cinq millions d'humains, c'est la naissance du symbole gravé et par le fait même, l'origine de Homo sapiens. Comme je l'ai souvent dit, c'est l'écriture, (le fait de transmettre plus de connaissance d'une génération à l'autre que ne le peut la communication orale) qui crée l'humain et non l'inverse. Les signes sont compréhensibles par presque tous.

Des bandits comprennent que le contrôle des signes est un pouvoir plus puissant que la violence, c'est la naissance des religions et l'association du temple et de l'armée marque l'origine de la ville il y a mille ans. il y a 20 millions d'habitants sur terre et c'est la naissance de la tablette d'argile qui permet une reproduction des signes. Assurbanipal premier roi qui sait lire, crée le premier empire. Une personne sur deux mille saurait lire. 

Le papier permet les empires Chinois et Romains, les premiers empires où la loi ( le texte) est plus important que la personne de l'empereur, il faudra déifier les empereurs pour diminuer l'influence du texte. Il y a 200 millions d'habitants et une personne sur mille qui sait lire.

L'invention de l'imprimerie détruit le monopole du Pape sur le pouvoir (le protestantisme) et permettra à un pour cent de la population de savoir lire. Il y a 350 millions de personnes sur terre.

1800 c'est la création du journal, l'apparition de la démocratie là où dix pour cent de la population sait lire. Il y a maintenant un milliard de terriens. 

2000, les six milliards d'humains ravagent les forêts pour pouvoir lire le quotidien du matin. Les nouvelles technologies permettent de publier de plus en plus de livres qui sont lus par de plus en plus de lecteurs.

Il y aura bientôt sept milliards d'humains, et plus des deux tiers savent lire. Les journaux disparaissent parce qu'il n'y a plus assez de forêts pour fournir le papier. Les quatre milliards de lecteurs qui veulent savoir, participer au pouvoir donc lire, imposent un nouveau support que le support papier.

Lire n'est pas un choix, c'est la première source du pouvoir et de la liberté. Ou on détruit les forêts, contribuant à changer le climat et à se suicider pour faire du papier, ou on distribue la connaissance sans support matériel pour pouvoir survivre. J'aime les livres, j'aime lire sur du papier, mais je pense que lire sur du papier sera réservé à une minorité très riche, ce qui n'est pas mon cas.