Les subventions agricoles encore
mercredi 27 septembre 2006, 22:38 General Lien permanent
J’ai reçu une flopée de courriels ( 4 est-ce une flopée?) qui m’expliquent que je ne comprends rien à l’agriculture et que les subventions sont nécessaires. Je vais donc entreprendre un court historique du phénomène qui je l’espère, expliquera mon point de vue.
Avant 1945, il n’existe pratiquement pas de subvention agricole. Mais c’est la fin de la deuxième Guerre mondiale, et les USA se retrouvent avec des montagnes d’explosifs dont ils ne savent quoi faire. D’autant plus que l’industrie chimique hypertrophiée ne peut pas réduire rapidement sa taille sans affecter sérieusement l’économie du pays.
Ces explosifs peuvent servir d’engrais pour certaines plantes, dont le maïs et le coton. Les USA subventionnent donc les agriculteurs pour qu’ils acceptent d’épandre ce truc dans leurs champs. Comme les subventions sont généreuses, les surfaces plantées en maïs augmentent rapidement et on se retrouve avec d’énormes surplus. La solution subventionner l’utilisation et l’exportation.
Comme les pays pauvres n’ont pas l’argent pour acheter ce maïs les USA leurs font des prêts subventionnés sur 50 ans pour qu’ils achètent le maïs. C’est l’origine de la dette qui étouffe maintenant ces pays. Comme il en coûte beaucoup moins d’acheter le maïs subventionné que de produire dans les champs, les pays du tiers monde voient leur agriculture s’effondrer et se constituer les immenses bidonvilles de personnes sans possibilité de travail. En Afrique surtout, cela provoquera une dette énorme, les « ajustements structurels » de la Banque Mondiale, la façon la plus sûre de détruire une économie et de plonger une population dans le désespoir.
Comme cela ne suffit pas pour absorber les montagnes de surproduction, on nourrira des herbivores ( les bœufs) et des omnivores ( les porcs) avec des diètes de maïs. Le sirop de maïs est tellement peu cher, qu’on en met dans tous les aliments. Ici, il y en a même dans le sel. Mais pourquoi ne pas manger autre chose? D’une part parce qu’il est très difficile de trouver des aliments qui n’en contiennent pas et même alors, ils sont tellement chers que cela est réservé à une élite. Il y a eu ici, une tentative de coopérative de production de bœuf à l’herbe. Le prix de revient est de plus du double, et les chaînes d’alimentation refusent cette viande pas assez grasse.
Les légumes? L’espace des terres agricoles est occupé par les productions subventionnées, et le coût du sol est tel que seules les productions subventionnées sont rentables. Le résultat est simple : l’obésité morbide. Le parallèle est parfait entre la courbe d’augmentation des subventions agricoles et celle de l’obésité.
Je suis bien heureux d’avoir de l’huile d’olive extraordinairement subventionnée, on n’en paye pas le quart du coût. Oui, subventionnons les produits bio, la viande à l’herbe, le vin sans additif, les aliments naturels qui respectent les sols. Les aliments qui sont environnementalement soutenables. Il n’y aura plus de chômage et les campagnes sont peuplées. Et les pays du tiers-monde prospèreront.
Commentaires
Un autre cauchemar de Darwin... :|
J'ai toujours pensé que les subventions devait être une aide ponctuelle et non un art de vivre. On pare au plus pressé et on laisse les conséquences au suivant.
Mais que va-t-il arriver à la terre, si on plante en pagaille et n'importe comment de la canne à sucre, des betteraves ou du colza pour alimenter nos voitures ? (en France il y a des projets pour 2007)
TTo2--) simplement moins de légumes, ces trois cultures demandent massivement des engrais azotés qui sont produits avec du pétrole. Aucun gain pour les chagements climatiques. Par contre cela réduit les surfaces pour les productions bio, fait augmenter le cout du sol jusqu'à ce que rien ne peut être cultivé à l'exception des productions subventionnées.
excuse-moi moukmouk (et au passage merci pour ce billet qui éclaire ma lanterne), mais je ne peux m'empêcher de (sou)rire en imaginant les agriculteurs nourrir leurs plantations de coton avec des (résidus d') explosifs... ça doit faire une belle pagaille quand ça saute ! ^_^
Moukmouk , je ne suis pas tout a fait d'accord avec toi sur la question des gains climatiques. Le colza rejette dans l'atmosphère du CO2 qu'il a consommé pour pousser. la balance est donc équilibrée, contrairement au pétrole qui libère du Co2 captif.
Pas d'accord non plus sur la questions des engrais. il est tout a fait possible d'utiliser des engrais non dérivés du pétrole. De toute façon, va bien falloir, puisque les reserves s'épuisent.
Reste le problème de la balance énergetique en soi, de la balance de l'eau et de sa protection, et bien sûr, du ratio des terres cultivables.
Il est sûr que le tout pétrole est une calamité. la solution passe sans doute par des solutions variées-électricité, energies renouvelables, captation du methane etc...
en tous cas la question du cout des transports se pose, et nous assisterons probablement à une relocalisation des productions.
Je raisonne bien entendu à l'échelle de la France, dont le système agricole est probablement différent du Canada, et plus varié selon les données régionales, et historiques. La beauce et la bretagne n'ont pas les mêmes exploitations.
Anita--) pour la production du colza de façon rentable, cela prend 40 kilos/ha d'engrais azoté. Pour fournir cela avec disons du lisiers de porc cela prendrait 5 arrosages, ce qui est techniquement bien difficile et risque de bruler les plantes en culture. Par comparaison le maïs demande 200 kilos/ha mais produit beaucoup beaucoup plus.
C'est justement parce que c'est une pompe à azote que le colza est vécu chez nous comme une culture d'équilibre---possibilité de pomper les excès de nitrate de l'épandage de lisier. je ne suis nullement spécialiste sur la question, mais les différence de climat entre Canada et France jouent sans doute. en climat doux et humide, des semis d'automne sont possibles. (je dis peut-être une ânerie.)
Quoi qu'il en soit, les solutions ne seront toujours que des cotes mal taillées, du moindre mal à l'acceptable.