Une histoire de caribous
jeudi 13 septembre 2007, 00:21 General Lien permanent
Le caribou est un survivant de la dernière ère glaciaire. Il doit sa survie à sa capacité de transformer très efficacement la maigre nourriture le la taïga et de la toundra en énergie. Mais pour cela il doit migrer sur des centaines de kilomètres.
Le loup est le principal prédateur des caribous. Aussi pour se protéger ils se rassemblent en immenses troupeaux, chacun de ceux-ci parcourant chaque année une route bien définie dans le bassin d'une rivière. Il est donc logigue de nommer le troupeau du nom de la rivière. Plus le troupeau est grand plus chaque individu est protégé contre les loups. Par contre ces immenses troupeaux dévorent toute la nourriture disponible, s'affaiblit et un virus passant c'est l'effondrement, jusqu'à 90% des membre d'un troupeau peuvent mourir dans la même saison.
Un des plus gros, c'est le troupeau de la rivière George qui draine les Monts Torngats et une large partie du Nunavit pour se jeter dans la Baie d'Ungava. A son équilibre, on compte entre 300 et 400 mille têtes qui font le voyage vers les aires des naissances près de la mer. Sans qu'on sache trop pourquoi, peut-être une diminution du nombre de loups, le troupeau a cru rapidement depuis 5 ans pour atteindre 700 mille têtes l'an dernier. C'était certainement trop pour la capacité de production des sols, les caribous étaient maigres et plusieurs petits n'avaient pas le poids suffisant à l'automne pour suivre la migration. Une grande inquiétude planait sur tous ceux qui tentent de comprendre ce qui se passe.
Cette année. Même en scrutant les principales routes, les aires de regroupement, rien pas de caribou. Un effondrement catastrophique? Un changement dans les routes? Le réchauffement climatique qui fait fondre le pergélisol retardait le troupeau depuis quelque temps, mais pas de regroupement, c'est difficilement compréhensible. Il faut comprendre que je parle d'un territoire qui fait au moins le tiers de la France. Il est possible de perdre autant d'animaux.
Les Inuit de kangiqsualujjaq vivent en symbiose avec ce troupeau, on leur a donc demandé: mais où sont-ils? En petits groupes dans des vallées, pas de regroupement cette année, très peu de petits, et peu de carcasses d'animaux morts. De toute façon les protéines sont tellement rares là-bas, qu'un animal mort disparait mangé par les autres animaux en un temps record. Le mystère restait entier.
Une nouvelle aujourd'hui m'attriste et me réconforte. Des braconniers chassant avec des petits avions auraient empêcher les regroupements. Combien de bêtes ont-ils tués? Comment les ont-ils sortis de cet immense territoire sans route? Combien trouverons-nous de caribous l'été prochain? Les braconniers passeront sans doute l'hiver au chaud en prison. Je les aurais plutôt condamner à suivre les caribous en raquettes tout l'hiver, ils auraient appris le prix de la vie.
Commentaires
c'est si bon que ça la viande de caribou? ou si c'est le plaisir du jeu? en raquette ils auraient surement mieux compris qu'en prison en effet.
Bon? je ne sais pas, la viande est souvent très maigre donc coriace, et c'est beaucoup plus gouteux que le boeuf, mais après 7 ou 8 heures de marche dans la neige par -40, je t'assure qu'une brochette de viande grillé sur le feu, c'est absolument divin.
Moi je l'aime trop trop le caribou. Mais cuit longtemps longtemps avec du vin, alors ça fait pas très inuit quand même.
J'espère que quelques braconniers auront vent de tes billets...
Ha oui, suivre les caribous tout l'hiver, une bonne idée...
suivre les caribous en raquette ! ça c'est une iédée qu'elle est bonne !!
Je ne leur aurais pas fourni de raquettes moi...
Ici, c'est la semaine de la chasse à l'isard. Les isards sont protégés dans les pays voisins, mais pas en Andorre. Les chasseurs montent en hélico à la montagne, avec toutes les commodités: matelas, toilettes, alcohol, cuisines... et chassent avec des fusils à lunette. Les isards n'ont aucune chance, et les 3/4 ne finissent même pas dans la casserole du chasseur...
Surprenant, ici à Kuujjuaq nous n'en avons pas entendu parler. Les pourvoyeurs sont très vigilent car il en va de leur gagne-pain.