Le rêve et l'identité

Meerkat écrit: « Pour moi, c'est le rêve que j'aime car il est force de vie. Je suis sûre que les Indiens aiment rêver. Mais la vie qu'est-ce que c'est, je n'en sais rien. Un mirage peut-être ? Parfois, je le voudrais bien. » Voilà une question bien complexe, est-ce que les Indiens aiment rêver? Je tente une réponse. J'avais bien raison de mettre ce blog dans la liste de ceux qui me font réfléchir.

Pour la rationalité occidentale, il y a la réalité, et il y a le rêve. Prendre ses rêves pour la réalité, c'est une maladie mentale identifiable. La réalité, c'est un réseau de rapport sociaux, dont chaque « nœuds » et un individu qui est définit par ses liens aux autres. C'est dans ce sens qu'est né l'expression : « le tissus social. » Comme contrepartie et équilibre dans cette structure, la « modernité » depuis Descartes définit un « je » celui du « je pense donc je suis » qui devient le centre de la définition de la réalité. La position de ce « je » dans le tissus devient la définition de ce qui est réel, tout le reste est du rêve, de l'inutile, du délire.

Pour la post-modernité, le « je » moderne devient le seul objet de la réalité, la raison du « tissus social » le point de vue qui permet de le comprendre pour moi. La création de la vie rêvée, la vie peoplisée par les médias, devient la réalité et comme elle est totalement inaccessible, on se crée une justification, qui devient la vie. Les jeux du genre « Sim Life » avec une identité qui devient plus réelle que les autres réalité devient la thérapie à la réalité peoplisée aussi fausse que toutes les autres.

La réalité étant dans le réseau des rapports sociaux, la création du « je » crée une première rupture, qui me permet de questionner le sens de ces rapports. Le focalisation post-moderne sur « je » rend le réseau des rapports sociaux inéfficace à rendre compte de ce qui se passe pour moi dans « mon monde », ce moi et ce monde-là étant en toute logique aussi faux et délirant que le monde « people » ou celui de Sim Life.

Pour les cultures amérindiennes, la réalité n'est pas à deux dimensions comme dans le tissus social, mais à trois dimensions avec des mondes au dessus et en dessous, et chaque niveau a des relations selon certaines rêgles avec les autres niveaux. La religion monothéiste reproduisait cette idée mais comme l'autre dimension dominait totalement la dimension sociale, elle n'a jamais réussi à résoudre le problème de la liberté. Chez les amérindiens, il y a influences des niveaux entre eux mais pas d'interventions directes. Les rêves sont des outils d'influences.

Alors est-ce que les amérindiens aiment rêver? La réponse serait plutôt non, parce que les autres mondes, sont généralement peuplés de monstres et de puissances terribles et qu'il est très facile d'y perdre le sens de ce qui s'y passe et la « raison ». Mais par contre le sage, le guérisseur peut s'y risquer pour trouver la solution à un problème complexe.

Par contre, il est fréquent de voir dans le premier monde l'influence, très souvent heureuse des autres monde sur le premier, cette influence qu'on pourrait appeler « le sacré », « la magie » et qui le premier outil d'interprétation de ce qu'il y a ici et en ce moment. Le monde est, et ce qui s'y passe est généralement magique. Alors, si je veux qu'il s'y passe quelque chose, il est plus logique de faire appel à la magie que de tenter d'agir directement sur le monde. Percevoir la magie autour d'eux, oui c'est un des grands plaisirs de la vie des indiens.

Bon c'est bien compliqué ce truc-là... j'espère que j'ai été un peu éclairant...