Reprise encore une fois la mort de l'ours noir
samedi 16 février 2008, 20:45 General Lien permanent
J'ai l'impression que c'est le texte que j'ai le plus repris. Pourtant ce n'est pas le mieux écrit, mais il dit une vérité qu'il faut répéter. La mort fait partie de la vie.
Ursus americanus, l’ours noir, des forêts d’Amérique, est bien connu pour son intelligence, son habileté, sa grande vitesse et sa force. Il a les pattes très agiles lui permettant d’ouvrir un pot ou une fenêtre par exemple. C’est le seigneur de la forêt, il n’a pas de prédateur, sauf l’homme évidemment, qui tue pour rien.
Ce dont je suis le plus jaloux, ce sont ses magnifiques lèvres, incomparablement plus agiles que celles de l’Ursus maritimus, mêmes encore plus agiles que celles des humains, qui lui permettent de cueillir des framboises et des fraises des champs, et bien sûr ô exploit, de faire des bisous. Pour des ours, ils sont plutôt petits. Autour de 70 kilos pour les femelles et 150 kilos pour les mâles, mais ces derniers sont fréquemment sujets à l’obésité, on a vu des ours de 250 kilos. Pour tous les animaux, la question de la mort se pose. Tôt ou tard, la douleur devient trop intense, la poursuite de la route devient difficile, et il faut retourner dans le cycle de la vie. Le lièvre est plus rapide que le renard, le chevreuil plus fort que le coyote, pourtant il y a encore des renards et des coyotes. Dans les grands troupeaux de caribous, l’animal qui sera rejoint par les loups, est celui qui aura ralenti, qui aura accepté de se sacrifier pour que le troupeau continue.
« Il faut être bête comme l’homme l’est si souvent pour dire des choses aussi bêtes » ( Prévert) que j’ai tué un animal. Non, l’animal se sacrifie pour que la vie continue. C’est pourquoi les chasseurs de la forêt remercient avec humilité la bête qui a fait le sacrifice de sa vie. C’est vrai que les armes modernes avec des lunettes d’approche n’ont rien à voir avec la chasse à l’arc ou à la lance. Mais c’est un autre problème.
L’ours noir n’a pas de prédateur. Il lui est difficile de mourir et comme il a un régime alimentaire sucré ( les fruits et le miel bien sûr, ce n’est pas un mythe) il a mal aux dents. Dans mes nombreuses marches en forêt, il n’est pas rare de voir sur des branches d’arbres durs, comme l’érable ou le bouleau jaune, des traces de dents d’ours, qui mordent pour calmer la douleur.
Les vieux ours noirs ont mal aux dents, et ça les rend grognon, on peut les comprendre. Malheureusement, il n’y a pas de dentistes pour les ours. Ils sont sujets aussi à des rhumatismes très douloureux.
Il m’est arrivé deux ou trois fois de voir des restes d’ours noirs relativement récents. Bien sûr rien ne se perd et il ne restait que les os, mais ils n’étaient pas blanchis, donc n’avaient pas passé l’hiver. C’était au pied d’un bouleau cassé. Quand on pousse fort sur le pied d’un bouleau un peu pourri, il casse et l’arbre revient sur nous, c’est très dangereux.
Les Inuit ont des rituels complexes pour honorer celui qui ne peut plus suivre la route et doit s’endormir sur la glace. Serait-il nécessaire de s’en souvenir?
Commentaires
Tu preches une convaincue !!!
Pour l'avoir cotoyee dans ma vie personnelle et professionnelle de tres pret...La mort fait entierement partie de la VIE, pour moi cela va meme, bien au dela d'une conviction profonde!!
Et ZUT!! Je voulais bien entendu dire ,de tres pres!...Et sans etre vraiment prete ,je sais qu'elle ne nous laisse ,ni lance pas dans le Vide!
Bien au contraire!
Je catche avec ton catcha spam decidement la Vie n'est pas un long fleuve tranquille mais un combat quotidien!
Véro--) oui le capcha c'est dur mais c'est ça ou plus de blog alors... j'ai déjà failli tout perdre. Par contre pour la mort c'est plus simple un fois qu'on accepte qu'il n'y a pas de temps... j'admets c'est beaucoup plus compliqué.
Moins complique ,quand on sait et essaie de mettre a profit le jour present...C'est cela le "Carpe diem"!Non???
Dans le livre que je lis, la psychanalyste parle des cycles de "Vie-mort-vie". Nous passons notre temps à mourir à un état, à une relation, à une partie de soi, pour renaitre différents.Et il faut accepter cette mort dans la vie, comme la mort physique autour de nous.
Que la mort fasse partie de la vie, pas de doute. Mais je m'interroge toujours sur cette notion de "sacrifice" d'un membre du troupeau, la conscience animale du sacrifice, j'ai quand même du mal.
Et pour l'ours, je crois que tu veux dire que les animaux qui souffrent et ne veulent/peuvent plus vivre peuvent ne pas simplement attendre la mort mais décider de se la donner ? Choisir sa mort, voilà un vrai débat, voilà pour moi un des indices de l'humanité.
Tout pareil que Meerkat.
Et j'ajouterai qu'après l'hiver, ben y'a le printemps, comme dit plus ou moins Marloute.
On va bientôt fêter le réveil de l'ours j'espère.
Kinka+Meerkat--) je comprends très bien que cette notion heurte, parce que ça fait la preuve que les humains sont strictement des animaux comme les autres. Mais je demeure persuadé que les preuves sont là, en autant qu'on peut prouver une telle chose. Je viens de lire une thèse qui dit que certains oiseaux font de l'art...
Marloute--) la complexité de la notion de changement... tout ce modifie et tout à chose les choses changent...
Que les animaux soient des humains comme les autres ou vice-versa, je n'en disconviens pas, bien au contraire. Mais ça ne prouve rien en ce qui concerne la notion de sacrifice. Aucun animal n'est venu témoigner de son accord en allant poser volontairement sa tête sur le billot du boucher. Qu'un animal se sacrifie pour un autre, tout à fait d'accord. Une mère par exemple se sacrifiera toujours pour ses petits, chez les animaux comme chez les humains. Par contre, qu'un animal se sacrifie consciemment pour nourrir un humain, il n'y a aucune preuve de ce genre d'abnégation. Cela relève de la croyance pure et simple et se situe au niveau de la foi religieuse.
En ce qui concerne l'art des animaux je pense qu'il n'y a pas que les oiseaux qui soient artistes (voir les toiles d'araignées par exemple).
J'aimerais bien que tu fasses un billet là-dessus (avec le lien de l'article).
Kinka--) mais tu as raison, qu'un animal se sacrifie, ce sera pour lui, pour son troupeau, son espèce, la continuité. Le caribou ne se sacrifie pas pour le loup mais pour que la harde puisse avancer.
L'humain n'est pas au centre de la vie, et si maintenant il y est jusqu,à un certain point on voit le désastre que ça cause.
Beh dis donc, je ne suis pas du tout heurtée par le fait que les humains soient des animaux. Bien sûr les hommes sont des animaux, il y a de l'animalité en nous, mais entre Hommes et Bêtes, il y a néanmoins une ligne de démarcation. Nous n'avons pas les mêmes modes de pensée, de réflexion, de références, d'intelligence, de représentation du temps, du futur... Nous ne savons pas vraiment ce qu'est un animal. Nous commençons juste à approcher leurs mondes mentaux. Ils nous touchent profondément et cet affect (amour ou haine selon les uns ou les autres) nous aveugle. C'est Cyrulnik qui dit que l'histoire des animaux "c'est l'histoire de notre regard sur eux" et que "le réel est ailleurs".
Parler de sacrifice, donc ici d'un choix librement consenti pour le bien de la communauté quand le plus lent des caribous se fait bouffer, ça me semble un poil tiré par les cheveux. Qu'en sait-on ? N'est-ce pas l'appréhender en fonction de nos propres et seuls critères de référence ? Si les oiseaux font de l'art, oui, mais est-ce de l'art pour eux ?
Loin de moi l'idée de bestialiser les animaux. Je les aime, et profondément. Mais je crois bon de réfléchir à ce qu'ils sont. Et vite. Car "un monde sans animaux ne serait plus humain"
Tout ça pour dire que le sujet me passionne (j'espère ne pas sembler emportée, ce n'est pas du tout le cas), et j'ai envie de mieux comprendre ton regard.
Meerkat--) beau sujet de réflexion pour aller au marché. Le danger est justement d'utiliser des "mots" des "notions" qui n'ont de sens que dans un schéma culturel et d'appliquer cela aux animaux qui ont d'autres cultures. Le mot "mort" a un sens radicalement différent pour les Inuit et les européens. Alors qu'en est-il pour un caribou? je ne sais pas.
Cependant ces différences dans les modes de pensée est pour moi culturelle et non pas biologique ( oui quand même un peu mais...). La grande différene c'est la bibliothèque, la capacité de transmettre de grandes quantités de connaissance d'une génération à l'autre et ça n'est pas biologique.
Il faut revenir sur presque chacun de ces mots et réfléchir...
Le problème de nos jours, c'est la manie de vouloir prolonger la vie des hommes:
1- ça fait plus de bouches à nourrir
2- il faut plus de structures pour accueillir ceux qui sont encore "vivants" mais ne se valent plus par eux-mêmes
3- ça coûte très cher à la société...
et je pourrais trouver d'autres trucs.
On devrait faire comme les autres animaux et accepter la mort, surtout dans les cas où il n'y a plus d'espoir, à quoi ça sert de maintenir artificiellement en vie tous ces gens qui n'ont aucune chance de s'en sortir et qui souffrent de surcroît?
Franchement, j'admire ces ours, et sans avoir à se tuer avec un arbre lorsque l'on souffre trop, je crois qu'on devrait avoir le droit de se laisser mourir.