La survie des ours polaires
vendredi 16 janvier 2009, 20:19 Ecolo Lien permanent
Jim Prentice le ministre de l'Environnement du Canada, va dire à un important colloque sur la survie des ours polaires que juridiquement le gouvernement du Canada ne pourra rien faire. On peut être imbécile, mais ce n'est pas nécessaire de la crier sur les toits.
Il reste autour de 22 000 ours polaires dans le monde et de ceux-ci 17 000 vivent au Canada.
On peut diviser aux fins des études, les ours en 13 populations. Seulement deux sont vraiment suivies, paradoxalement les deux qui ont le plus de chance de survie, la population de l'Ouest de la Baie d'Hudson, et celle du sud de la mer de Beaufort. Comme le nombre d'ours baisse continuellement dans ces deux cas, on peut présumer qu'il y a très peu de chance que les ours survivent à 2050.
Ce qui cause le déclin, c'est essentiellement la perte de la banquise. L'ours se nourrit pour l'essentiel de phoques qu'il chasse sur la glace. Ce qui veut dire que l'été, il n'y a pas de glace et les ours ne mangent pas. Comme la période sans banquise augmente un peu plus chaque année, la période de jeûne est de plus en plus longue.
Au printemps, au moins le tiers du poids d'un ours est constitué de gras. Un très bon isolant pour nager dans les mers froides, une bonne réserve aussi pour passer trois mois sans manger. Mais si la période sans glace dure plus de 4 mois comme maintenant, les ours résistent beaucoup moins à l'eau froide, s'affaiblissent et meurent de grippe, et autres petites maladies qui ne les affectaient pratiquement pas avant.
Il y a une seule façon de sauver les ours : inverser la courbe des changements climatiques. Pour cela planter des arbres, développer le transport en commun, fermer l'exploitation des sables bitumeux de l'Alberta.
Le ministre Prentice prétend que la chute du nombre d'ours vient de ce que les Inuit chassent 700 ours par année. Bien sûr, dans les conditions actuelles ce n'est pas une bonne idée de chasser des ours, et il vaudrait mieux faire cesser la chasse. Mais ça ne suffira pas, pour que le plus puissant des prédateurs survive, il faut plus de glace.
Comme les ours vont de moins en moins longtemps à la chasse sur la mer, ils cherchent de la nourriture là où il y en a, dans les dépotoirs près des villages. Un ours qui a faim qui se promène dans le village, c'est un gros gros gros problème. Ne pensez pas que c'est parce que vous avez une porte fermée à clé que cela l'empêchera d'entrer chez vous, s'il décide d'aller voir la télé, ou manger celui qui regarde la télé.
Le ministre Prentice dit qu'il ne peut rien faire pour les ours parce qu'il ne peut interdire la chasse. Je lui suggère donc de faire quelque chose pour les humains et de fermer l'exploitation des sables bitumeux, parce qu'à ce rythme-là, les hommes vont disparaître pas longtemps après les ours.
Commentaires
ah j'savais bien que tu allais faire un billet là-dessus...
(m'en vais le lire maintenant)
mais, en toute honnêteté maintenant :
Moukmouk, penses-tu vraiment que, si à partir d'aujourd'hui, l'ensemble des sociétés humaines décidait de faire machine arrière toute pour rattraper son retard, nous aurions encore ne serait-ce qu'une petite chance ? 2050, c'est demain !! toutes les cochonneries que nous avons faites jusqu'ici, tout ce mouvement de destruction a quand même une sacrée inertie...?
Dodinette--) très honnêtement oui. Probablement pas pour les ours ailleurs que dans des zoos. Mais je pense qu'en s'y mettant on pourrait arriver à 2050 avec 80% de la population humaine actuelle. Si on continue comme aujourd'hui, 25%. Si on fait les gestes actuellement prévus 35 à 40%, c'est contestable comme évaluation, les prévisions de 1960 se révèlent absurdes. Mais je me base sur les données du GIEC.
"juridiquement le gouvernement du Canada ne pourra rien faire" Qui peut faire ?
"juridiquement" c'est une façon de dire qu'on ne VEUT rien faire : on invoque quelque chose de soit-disant inchangeable, qui ne dépend pas de nous, qui de toutes façons est trop complexe à expliquer à la bande de citoyens ignorants qui réclament quelque chose...
c'est dégueulasse.
Monsieur Bos, ministre travailliste des finances des Pays-bas déclarait la semaine dernière : "La crise financière n’est pas le plus grave problème auquel fait face le système capitaliste. La crise climatique va progressivement devenir plus importante, et la crise alimentaire persiste, alors que nous n’avons toujours pas réussi à la régler. Ces deux crises sont bien plus fondamentales que la durabilité du capitalisme. Elles nous posent un défi moral immense, mais peuvent être intelligemment liées à la solution de la crise financière." La suite sur Reporterre
ce qui m'a affolé lorsque nous sommes venus au Quebec c'est notamment la pollution du St Laurent ! et les cétacés qui disparaissent j'ai été très surprise pour le peu que j'ai vu
Stef--) bienvenue, oui la pollution, et encore la vraie pollution n'est pas visible.
Saveur--) tu as tout à fait raison. La crise écologique est bien plus grave. Mais c'est la même crise, il n'y a plus de croissance possible.
Dodinette--) exactement
TTo2--) Juridiquement les gouvernements régionaux peut-être même si le gouvernement qui Canada peut juridiquement et politiquement s'il le veut... mais il ne veut pas
Moukmouk, j'ai rencontré hier un écrivain cycliste de Montréal qui nous a lu un texte qui parlait entre autre d'un ours qui mangeait un couple.
Je l'ai félicité, son texte était drôle et écrit à mon goût. Je lui ai dit que je connaissais un ours à Montréal, là, je pense qu'il ne m'a pas cru.
Même s'il y a une grande inertie : raison de plus pour bouger vite et fort !!
PS : Je vais laisser traîner un pot de miel dans mon jardin, on ne sait jamais s'il y en a un qui passe à proximité... je suis sûre que ça s'apprivoise très bien, un ours polaire