Dépression et perturbateurs endocriniens

J'ai lu des tas d'articles scientifiques. Je n'ai pas tout compris, mais j'en sais assez pour poser des questions.

Avant 1950, la dépression était une maladie très rare (autour d'un cas sur 10 000 personnes) probablement d'origine génétique et qu'on traitait par électrochoc. Depuis les diagnostics de dépression sont en croissance constante, si bien que nous en serions à un homme sur 8 et une femme sur 5 qui ont un problème de dépression sévère au cours de sa vie. Il y a aucun doute, il s'agit d'une véritable épidémie.

Oui, la définition de dépression a changé et une meilleure connaissance du fonctionnement du cerveau permet de mesurer et décrire des réalités inconnues en 1950. Oui dans les phénomènes sociaux, l'isolement et le manque de support de la communauté qui nous entoure font partie des mécanismes qui favorisent cette épidémie.

Jusqu'à présent on traite la dépression surtout comme un phénomène psychologique. Des événements malheureux déclenchent un repli sur soi, et le traitement requiert une transformation du rapport au monde qui est long et difficile. Pour ma part, j'ai souvent présenté l'hypothèse que la dépression était une maladie de la communication, du rapport de soi avec son groupe, groupe d'ailleurs de plus en plus difficile à identifier. J'ai même pensé sans pouvoir faire de liens, que la télévision pouvait avoir joué un rôle déclencheur dans cette épidémie.

Il devient de plus en plus évident que les perturbateurs endocriniens, ces polluants chimiques que nous répandons dans la nature, ont une influence sur la fécondité. Diminution rapide de la spermatogénèse, féminisation des mâles de toutes les espèces, anomalie du système reproducteur et faible fécondité des femelles, sont en relation directe avec les perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A, les DDT, les diéthylstibestrol et combien d'autres molécules de synthèse dont on ne connait pas l'action ou dont l'action sur le vivant n'est pas démontrée.

Je pourrais vous citer des centaines d'articles qui démontrent que les hormones ont des influences sur le fonctionnement du cerveau, particulièrement sur les neurotransmetteurs que sont la sérotonine, la dopamine, la mélatonine, aussi impliqués dans le développement et le traitement de la dépression. Mais vous le savez vous même dans votre propre corps, comment par exemple, le cycle menstruel affecte l'humeur.

Je pose la question : n'y aurait-il pas un lien à découvrir entre nos dépotoirs, les bouteilles d'eau en plastique, l'intérieur des boites de conserve et tant d'autres objets usuels et l'épidémie de dépression que nous subissons ?