Le Mot: « tendresse »

L'ami Paumier propose de dédramatiser le terme : « sexualité », je propose « tendresse ».

Je pense qu'il n'est pas possible de dédramatiser le mot sexualité, parce qu'il a été créé pour justement marquer comme déviant les rapports de tendresse aux autres. La définition de ce terme reste et devrait rester : « Ensemble des mécanismes physiologiques qui concourent à la reproduction de l'espèce ». Quand je fais l'amour, je ne suis pas en train de me reproduire (de fait, je fais tout pour l'éviter) j'échange de la tendresse, je dis mon bonheur d'être avec une autre personne, je cherche à m'unifier à la danse de la vie.

Pour m'expliquer, dans la société romaine ( relire « les mémoires d'Adrien » de Yourcenar) ou chez les amérindiens d'avant les blancs, la relation homme-homme, femme-femme, n'était pas considéré comme déviante, le concept d'homosexualité n'existait pas. Si bien que presque tout le monde était bi-sexuel ( quelle bêtise que ce terme) sans se poser de question. L'arrivée du concept d'homosexualité pour marquer un comportement sexuel comme déviant, a créé des personnes qui se construisent en opposition, se construisent comme des déviants. On a créé des gens qui sont souvent malheureux, mais ne peuvent que se sentir exclu, marginal, en opposition à la " normalité"... la norme est une invention idéologique, la vie nous pousse à des rapports de tendresses et de coopérations avec les gens qui nous entourent. Pas tout le monde, il y a d'autres facteurs qui font que certaines personnes nous attirent et d'autres non, mais que l'attirance soit essentiellement hétéro-sexuelle ou homosexuelle, n'a pas de sens en dehors d'une création idéologique dont le but est de détruire le seul réel pouvoir dans la nature, le droit de donner la vie, de porter ou non un petit. Les femelles de toutes les espèces décident de donner ou non la vie, selon les conditions environnementales, une pénurie alimentaire fait tomber la fécondité. Ce que les religions cherchent, c'est à détruire ce pouvoir des femmes de permettre à l'espèce de survivre en contrôlant les naissances.

De la même façon de spécifier que les rapports sociaux sont sexuels ( ou non-sexuels) c'est d'indiquer que ces rapports sont déviants... ou au moins une odeur de marginalité. On exprime de la tendresse avec plus ou moins d'intensité, d'attouchements, de contacts aux gens qui nous entourent. Bien sûr, on ne baise pas tout le monde, mais nous avons tous des élans envers nos amis (quelques soient leurs sexes) qui nous donnent le gout d'avoir un contact physique, sans pour autant vouloir s'accoupler dans la seconde.

Prendre un enfant dans ses bras, c'est souvent un geste qui implique une tension érotique évidente, sans pour autant qu'on veuille aller plus loin que cette tendresse exprimée à l'enfant.

C'est pourquoi, qu'on en revienne à la définition première qu'on réserve le terme sexualité à la description des actions provoquant la reproduction. L'action de l'abeille dans la fleur est une activité sexuelle. Embrasser un ami ( quelque soit son sexe) prendre une bière en jouant à la séduction, échanger sur un ton badin... c'est de la tendresse ce n'est pas de la sexualité. Le geste vise à s'échanger des petites joies, pas à se reproduire.