Le Mot: « tendresse »
mardi 17 août 2010, 14:44 Nokosa et l'amour Lien permanent
L'ami Paumier propose de dédramatiser le terme : « sexualité », je propose « tendresse ».
Je pense qu'il n'est pas possible de
dédramatiser le mot sexualité, parce qu'il a été créé pour
justement marquer comme déviant les rapports de tendresse aux
autres. La définition de ce terme reste et devrait rester
: « Ensemble des mécanismes physiologiques qui concourent
à la reproduction de l'espèce ». Quand je fais l'amour, je ne
suis pas en train de me reproduire (de fait, je fais tout pour
l'éviter) j'échange de la tendresse, je dis mon bonheur d'être
avec une autre personne, je cherche à m'unifier à la danse de la
vie.
Pour m'expliquer, dans la société romaine ( relire
« les mémoires d'Adrien » de Yourcenar) ou chez les
amérindiens d'avant les blancs, la relation homme-homme,
femme-femme, n'était pas considéré comme déviante, le concept
d'homosexualité n'existait pas. Si bien que presque tout le monde
était bi-sexuel ( quelle bêtise que ce terme) sans se poser de
question. L'arrivée du concept d'homosexualité pour marquer un
comportement sexuel comme déviant, a créé des personnes qui se
construisent en opposition, se construisent comme des déviants. On a
créé des gens qui sont souvent malheureux, mais ne peuvent que se
sentir exclu, marginal, en opposition à la " normalité"...
la norme est une invention idéologique, la vie nous pousse à des
rapports de tendresses et de coopérations avec les gens qui nous
entourent. Pas tout le monde, il y a d'autres facteurs qui font que
certaines personnes nous attirent et d'autres non, mais que
l'attirance soit essentiellement hétéro-sexuelle ou homosexuelle,
n'a pas de sens en dehors d'une création idéologique dont le but
est de détruire le seul réel pouvoir dans la nature, le droit de
donner la vie, de porter ou non un petit. Les femelles de toutes les
espèces décident de donner ou non la vie, selon les conditions
environnementales, une pénurie alimentaire fait tomber la fécondité.
Ce que les religions cherchent, c'est à détruire ce pouvoir des
femmes de permettre à l'espèce de survivre en contrôlant les
naissances.
De la même façon de spécifier que les rapports
sociaux sont sexuels ( ou non-sexuels) c'est d'indiquer que ces
rapports sont déviants... ou au moins une odeur de marginalité. On
exprime de la tendresse avec plus ou moins d'intensité,
d'attouchements, de contacts aux gens qui nous entourent. Bien sûr,
on ne baise pas tout le monde, mais nous avons tous des élans envers
nos amis (quelques soient leurs sexes) qui nous donnent le gout
d'avoir un contact physique, sans pour autant vouloir s'accoupler
dans la seconde.
Prendre un enfant dans ses bras, c'est
souvent un geste qui implique une tension érotique évidente, sans
pour autant qu'on veuille aller plus loin que cette tendresse
exprimée à l'enfant.
C'est pourquoi, qu'on en revienne à
la définition première qu'on réserve le terme sexualité à la
description des actions provoquant la reproduction. L'action de
l'abeille dans la fleur est une activité sexuelle. Embrasser un ami
( quelque soit son sexe) prendre une bière en jouant à la
séduction, échanger sur un ton badin... c'est de la tendresse ce
n'est pas de la sexualité. Le geste vise à s'échanger des petites
joies, pas à se reproduire.
Commentaires
Sexualité, je ne suis pas certaine que ce mot est synonyme de comportements déviants ? La sexualité n'est pas uniquement dans le but de se reproduire mais bon..
La Tendresse est sûrement la plus belle émotion au monde.
Un beau billet d'été pour les mags féminins !
Il me semble qu'entre la tendresse et la sexualité, existe un entre-deux, différent et distinct des deux autres, qui peut s'y mêler, c'est la sensualité.
OK pour dire que la finalité de la sexualité c'est la reproduction, pourquoi pas ; mais tu ne peux faire l'impasse sur les plaisirs érotiques, très culturels eux aussi, qui peuvent - ou non - comporter de la tendresse ou (non exclusif) de la sensualité.
Qu'en penses-tu ?
Pas facile de définir la sexualité sans rapidement tomber dans les classifications forcément réductrices qui dressent un constat normatif et froid d'une situation infiniment complexe...
ta définition me convient bien du coup, mon GroNours.
trollette--) mais j,allais à la première ligne du dictionnaire pour définir le mot... sauf que c,est maintenant tellement chargé comme sens qu'une chatte n,y retrouverait plus ses petits.
tanakia--) bien au sens stricte, la sexualité définit la reproduction alors que l,érotisme définit le plaisir de l,amour sans en discuter de la présence ou non d'une finalité. mais je suis bien d,accord mon billet est trop compliqué.
Mimi--) oui c'est pour cela qu'on a étendu (à tort) le concept de sexualité aux gestes érotiques. pour dire que s,ils ne servent pas à la reproduction ils sont déviants et coupables. c,est ce que je tente d,exprimer maladroitement
Eh ho, l'ours! J'avais envoyé un long texte en commentaire! Iléhou?
Andrem--) non je ne l'ai pas reçu... je viens de vérifier dans les spam.. il y a rien. j'espère que tu en as une copie. retente et envoie moi une copie par courriel (imêle) je vais le mettre en ligne si ça ne marche pas de ton coté.
Malheureusement je n'ai pas fait de copie. Mais ton billet suivant reprends un peu ce que je disais: c'est une très bonne idée de se libérer du mot sexualité en le reléguant à la fonction reproductive. On ouvre ainsi un immense champ aux relations entre individus, sans que d'incroyable tabous viennent mettre des bâtons dans les roues.
Je souscrit à l'idée de tendresse, qui, comme le remarque Tanakia, est insuffisant: il peut y avoir désir, plaisir, amour physique, sans tendresse, et ce n'est pas pour autant fautif, tant que les comportement sont consentants et réciproques. De même, il peut y avoir tendresse sans désir. Il peut n'y avoir ni désir ni tendresse, mais cette forme d'interaction faible qui peut devenir si délicieuse de connivence intelligente, de complicité suspendue, de séduction impalpable.
A cela j'avais ajouté un autre point de vue. Retour à la procréation et à la sexualité, sans véritable lien avec ce que je viens d'écrire en appelant ma mémoire à la rescousse. Il s'agit de la prise de contrôle par les hommes mâles sur la procréation, puisqu'il y a des hommes femelles. Tu l'évoques. Probablement que ce pouvoir de maîtrise de la naissance, conséquence biologique du fonctionnement de la reproduction des mammifères, est insupportable aux hommes-mâles, à certains d'entre eux, nombreux il est vrai, majoritaires je ne sais.
Il a donc fallu les déposséder de ce pouvoir et tous les moyens ont été bons. Des plus brutaux aux plus pervers, et la religion n'y est pas allée de main morte. En étant un peu simpliste, c'est évidemment plus subtil que cela, il fallait de la main-d'œuvre nombreuse, des croisés innombrables, de la chair à canon, des serviteurs et des serfs en pagaille, des esclaves dans les champs de coton et spadassins. Ce n'est pas un hasard si les plus natalistes étaient les grands capitaines et les grands prêtres.
C'est l'idée générale et on pourrait m'objecter à raison bien des subtilités sur le sujet et peut-être des contre exemples. Ils n'invalideront pas l'idée générale. Et le résultat de ce pouvoir confisqué est ce que nous voyons, un monde qui court à sa perte par la surpopulation, pendant qu'on entend encore les appels à la natalité qui sortent de toute part; le dernier en date vient de Singapour. On croit rêver.
Parmi les étroits chemin de survie de l'humanité, dont nous avons déjà parlé, il y a celui-ci: rendre le pouvoir aux femmes, je veux dire ce pouvoir là, celui qu'elles n'auraient jamais dû perdre sur leur corps, sur leur ventre. Est-ce que je pourrais accepter que l'on s'occupe du mien? Certes stérile, il n'intéresse personne, mais rien que l'idée qu'il pourrait pour je ne sais quelle enjeu que j'ignore me fais frissonner. Alors, messieurs, laissez donc leur ventre à vos femmes, elles savent mieux que vous, mieux que nous, ce qu'elles en doivent faire, et je suis certain que nous nous en trouverons mieux, tous tant que nous sommes, hommes et femmes.
L' embryon, le foetus n'appartient à personne sauf à la femme qui le porte et qui a sur lui droit de vie et de mort, j'insiste, et ce jusques et y compris la sortie en plein air et le cri primal. J'ai presque envie d'ajouter qu'il faut encore ajouter quelques jours à ce délai, mais je suis peut-être un peu irréfléchi, là. Alors, cri primal, point. L'enfant est devenu un être humain à cet instant précis, il n'appartient plus qu'à lui-même, et la mère est là, comme le père, pour l'y aider, parce que au début, c'est difficile pour lui de s'en sortir seul.
Et l'homme, dans cette histoire? Je ne m'inquiète pas pour lui, l'homme-mâle saura bien trouver sa place, toute sa place, rien que sa place.
Voilà, l'ours, cette fois-ci j'enregistre et j'envoie. En cas de nouvel échec, je passerai par l'imêle avec le circonflexe. j'ai été plus long que la première fois, c'est bien fait pour toi.
Trop pressé d'envoyer pour ne rien perdre, j'ai laissé des fautes d'orthographe. Je demande pardon pour cette impolitesse à tous ceux qui liront, y compris à ceux qui ne seront pas d'accord avec moi. Mais seulement pour l'orthographe, hein.
Andrem--) merci nous sommes sur la même longueur d'onde.