Quand je cherche à découvrir les mécanismes de cette langue, je pense que le Français a connu son apogée au XIX siècle. Hugo, Flaubert et plus tard Baudelaire avait cet esprit de bourgeois désirant exprimer une noblesse qui n’a jamais existé. La délicatesse de cette langue exprime bien des sentiments qui aspirent à la grandeur. Je vais tenter une imitation, comme forme choisie d’admiration.
Madame, Hier soir vous étiez debout sur la grève. La nuit, très claire, me laissait vous apercevoir d’assez loin. Je distinguais jusqu’aux fleurs que vous teniez, d’une main distraite, le long de votre robe de fête.
Je ne sais quelle peine vous accablait, j’espère simplement que ce n’est pas l’amour qui vous est cruel, ce serait trop injuste. Et je retournai mon regard vers ces roses, fleurs convenues. Elles me seraient indifférentes sans leurs beautés actuelles, qu’elles doivent en grande partie, à la pâleur de la main qui jette son ombre sur elles.
Quelqu’un vous appela. Et je sentis votre soupir, votre tristesse de devoir retourner à cette fête qui certainement n’en était plus une, puisque même entourée de la meilleure société de la région, vous étiez seule.
Le vent, éternel soupir aussi, passa autour de votre visage : puis il vint me frôler les cheveux et le front d’un souffle triste et sacré; j’eus l’impression du destin. Vous vous êtes détournée; vos sourcils, votre air, vos yeux distraits, tenaient de la nuit. Vous avez regardé l’eau magnifique, et le lointain, comme à regret de les quitter.
Alors, pendant que vous faisiez à l’infini l’honneur d’y songer vaguement, je conçus l’audacieux projet de vous écrire. Peut-être ma solitude rejoindrait-elle la vôtre, et adoucirait cette tristesse qui semble si lourde.
A ce moment, je crois que mes yeux se sont fermés : quand j’ai regardé la plage, vous n’étiez plus là. Était-ce la manifestation de la beauté, d’un amour depuis longtemps disparu, mais qui était si intense qu’il vit encore et qu’il vivra toujours pour rappeler au monde ce qu’est l’amour? Non, je vous sais réelle. Je sais que vous avez un cœur et qu’il peut à nouveau battre à la tendresse.
Alors, excusez mon audace et daignez s'il vous plaît, répondre à cette missive. Je n’ai d’autre intention que de vous revoir sourire, me permettant ainsi de vous revoir.